La Britannique Catherine Ashton, désignée pour diriger la diplomatie de l'UE selon des sources diplomatiques, est une néophyte dans ce domaine et reste méconnue dans son propre pays, mais elle est appréciée à Bruxelles où elle s'est fait un nom comme commissaire européen au Commerce.

La nomination de Mme Ashton, 53 ans, devrait créer la stupéfaction en Grande-Bretagne, où elle a suivi une trajectoire météoritique mais sans éclat particulier. Son visage est plus familier à Bruxelles, où elle a habilement assuré la succession comme commissaire européen au Commerce de son compatriote Peter Mandelson, quand celui-ci a fait son retour au sein du gouvernement britannique en 2008.

En un an à la Commission européenne, Mme Ashton a obtenu quelques résultats notables. «Elle a trouvé une solution au conflit sur le boeuf aux hormones avec les États-Unis, elle a conclu un accord de libre-échange avec la Corée du Sud et a normalisé les relations avec les États ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)», résume un proche.

Et elle est sur le point de négocier un accord avec les pays d'Amérique latine qui pourrait mettre un terme à des décennies de conflit sur les droits de douane des bananes.

Selon une de ses collègues commissaires, «elle n'a pas d'expérience en politique étrangère mais c'est une femme apte, qui apprend vite».

En tant que chef de la diplomatie, Mme Ashton, née à Upholland, au nord-est de l'Angleterre, et qui a étudié l'économie à l'université de Londres, sera confrontée à un défi comme elle n'a en a encore jamais connu.

Le Haut représentant aura des prérogatives renforcées en comparaison du diplomate en chef actuel de l'UE, l'Espagnol Javier Solana, mais devra aussi trouver un modus vivendi avec le nouveau président de l'Union, et les grands pays qui entendent ne pas renoncer à leurs prérogatives dans ce domaine.

Après ses études, Mme Ashton a travaillé pour des groupes de pression et a été pendant six ans directeur de Business in the community, une oeuvre caritative du prince Charles qui cherche à mobiliser les entreprises pour des actions sociales.

Elle a aussi dirigé l'autorité sanitaire du comté du Hertfordshire entre 1998 et 2001.

En 1999, elle a été anoblie à la demande du parti travailliste, prenant le titre de Baronne Ashton of Upholland, et est ainsi entrée à la chambre des Lords, la chambre haute du Parlement, non élue.

Deux ans plus tard, elle est devenue secrétaire d'État à l'Education, avant d'occuper des fonctions similaires aux Affaires constitutionnelles et à la Justice.

Puis le premier ministre Gordon Brown, à son arrivée à Downing Street en juin 2007, l'a nommée Leader of the Lords, chargée de faciliter l'adoption des projets de loi gouvernementaux à la chambre des Lords.

Certains observateurs avaient haussé les sourcils à cette annonce, se demandant: «Qui est-elle?».

À ce poste, elle a contribué à garantir la ratification du traité de Lisbonne, qui a créé la fonction qu'elle va occuper.

Quand M. Mandelson a quitté la Commission européenne pour rejoindre le gouvernement britannique en 2008, M. Brown se serait vu demander, selon <i>La Presse</i>, de nommer à sa place une femme pour des raisons de parité.

À la peine dans les sondages, il ne souhaitait pas désigner un député, dont le départ aurait provoqué une élection partielle, sans doute synonyme de revers électoral. Aussi s'est-il tourné vers elle, selon le Times.

Mme Ashton est mariée à Peter Kellner, un commentateur politique et président de l'institut de sondage YouGov, dont elle a eu deux enfants.