La pression monte en Europe pour nommer une femme à l'un des postes dirigeants de l'UE en jeu, celui de président ou celui de chef de la diplomatie, alors que l'incertitude demeure sur l'issue des tractations à trois jours d'un sommet appelé à trancher.

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays préside l'UE, a reconnu lundi à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles qu'il n'y avait toujours pas de consensus sur les nominations: Il reste encore trois jours pour le faire, une période «proche de l'éternité en politique». Pour le moment, c'est un homme, le Belge Herman Van Rompuy, qui est considéré comme favori pour présider l'UE.

Mais, profitant de la confusion générale dans les tractations, trois femmes occupant des postes clés de l'UE ont jeté lundi un pavé dans la mare, de nature à compliquer les marchandages.

«Il est temps de transformer les paroles en actes en nommant des femmes à des fonctions dirigeants de l'UE», écrivent la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission, Margot Wallström et la vice-présidente du Parlement européen, Diana Wallis, dans un appel commun publié lundi par le Financial Times.

Elles ont reçu le soutien de la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, qui a souligné lundi qu'elle était favorable à ce que «des femmes qualifiées» accèdent aux postes à responsabilité.

Les rédactrices de l'appel citent notamment l'ex-présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, candidate déclarée. Agée de 71 ans, Mme Vike-Freiberga a également bénéficié d'un vibrant plaidoyer de l'ancienne présidente du Parlement européen, Simone Veil, dans une tribune publiée récemment par Le Figaro.

Mais le soutien sans réserve qu'elle avait en son temps apporté à la guerre en Irak risque de jouer en sa défaveur. Cet argument est déjà avancé par les détracteurs de la candidature du Britannique Tony Blair à la présidence de l'UE. Et Mme Vike-Freiberga ne remplit pas une condition posée samedi par la chancelière allemande Angela Merkel, pour qui la présidence devrait aller à un chef de gouvernement ou un ancien premier ministre.

Une condition que ne remplissent d'ailleurs que peu de femmes en Europe, en dehors de la chancelière elle-même, mais que rempliraient, outre MM. Van Rompuy et Blair, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, ou le Néerlandais Jan Peter Balkenende.

Une solution alternative serait de nommer une femme au poste de haut représentant, suite au retrait du favori britannique David Miliband, à l'instar de sa compatriote Catherine Ashton, commissaire européenne au Commerce. «Elle n'a pas d'expérience en politique étrangère mais c'est une femme apte, qui apprend vite», indique un haut responsable de la Commission.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, qui milite pour que l'un de ses compatriotes, l'ex-premier ministre Massimo D'Alema, s'empare du portefeuille, s'est montré prudent lundi.

Il s'est dit prêt à «examiner» une éventuelle «candidature féminine», tout en soulignant que le haut représentant «doit être ministre des Affaires étrangères ou ancien ministre des Affaires étrangères», ce qui exclut Mme Ashton, ou un autre nom évoqué, la ministre grecque de l'Education, Anna Diamantopoulou.

Les perspectives en termes de parité sont déjà très sombres pour la Commission européenne, où ne siègent déjà actuellement que huit femmes sur 27. Pour l'instant, la grande majorité des États européens entend y faire nommer des hommes, ce dont s'est plaint le président de l'exécutif, José Manuel Barroso.