Le choix des postes emblématiques de président et de chef de la diplomatie de l'UE s'annonce plus compliqué à boucler que prévu, aucun nom ne faisant encore consensus alors que Londres continue envers et contre tout à soutenir Tony Blair.

Les dirigeants européens ont décidé d'attendre le 19 novembre pour sceller le choix des futurs président et chef de la diplomatie de l'UE, afin de se donner du temps car la sélection pour ces postes emblématiques s'avère plus compliquée que prévu.

«La réunion se fera sous forme d'un dîner de travail à Bruxelles», a précisé dans un communiqué le premier ministre (suédois) Fredrik Reinfeldt, qui préside l'Union européenne.

Il a bouclé une première série de consultations, mais il n'y a «encore aucun consensus» sur un candidat pour chaque poste, plusieurs noms ayant été proposés, a expliqué à l'AFP sa porte-parole, Roberta Alenius.

Le choix du président du Conseil européen et du haut représentant aux affaires étrangères, fonctions prévues par le traité de Lisbonne, se révèle plus difficile que ce qu'espérait Stockholm.

Londres ne facilite pas les choses en continuant à soutenir mordicus son ancien premier ministre Tony Blair pour le poste de président du Conseil européen, malgré les critiques dont il fait l'objet.

Il faut trouver la formule magique pour contenter tout le monde en Europe entre les différents postes européens de premier plan.

«L'équilibre gauche-droite est très important pour beaucoup, mais aussi entre grands et petits pays, entre Nord et Sud, hommes et femmes», souligne M. Reinfeldt dans une interview mercredi au quotidien suédois Dagens Nyheter. La gauche revendique ainsi le portefeuille de «ministre» des Affaires étrangères de l'UE, car la droite se réserve celui de président.

L'impatience grandit à mesure que les tractations piétinent, notamment du côté de la France, qui voulait aller vite. Le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a regretté mardi que l'Europe ait déjà «perdu une semaine», ce qui «n'est pas un bon signal».

M. Reinfeldt se montre en retour agacé par ce qu'il perçoit comme des pressions franco-allemandes en faveur du premier ministre belge Herman Van Rompuy pour présider l'UE.

«C'est important que chacun ait son mot à dire» mais «ce n'est pas seulement une histoire où deux personnes nous disent quoi faire», a dit M. Reinfeldt lundi soir à Berlin, en marge des cérémonies marquant le 20e anniversaire de la chute du Mur, selon des propos rapportés par le quotidien britannique The Times.

Selon des diplomates européens, le discret chef du gouvernement belge tient toujours la corde, mais ne fait toujours pas l'unanimité. Les autres noms évoqués pour la présidence de l'UE sont le Néerlandais Jan Peter Balkenende, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker ou la Lettone Vaira Vike-Freiberga.

L'incertitude est beaucoup plus grande concernant le choix du haut représentant aux affaires étrangères.

Considéré longtemps comme favori, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband semble avoir renoncé, même si un revirement de dernière minute n'est pas à exclure.

Un autre Britannique, Peter Mandelson, ministre du Commerce, a indiqué «avoir été approché», selon son porte-parole cité par The Times, tout en niant à ce stade être disponible.

L'ancien premier ministre italien de gauche Massimo D'Alema est aussi cité comme alternative possible mais, en tant qu'ex-communiste, son nom pourrait être rejeté par les pays de l'Est ayant vécu sous la férule soviétique jusqu'à la chute du rideau de fer.

Lasse des marchandages secrets, la Pologne a réclamé que le choix du président et du chef de la diplomatie de l'UE se fasse après audition des candidats. Varsovie dit être soutenu sur ce point par la Lituanie, la Finlande, la Slovaquie, la République tchèque, l'Estonie et la Lettonie.