Le chef d'état-major interarmes britanniques, Jock Stirrup, a estimé dimanche que les forces afghanes ne devraient être en mesure d'assurer seules la sécurité du pays que vers 2014.

«Mon travail n'est pas de faire de la prédiction en matière de calendrier, nous sommes là-bas pour assurer la sécurité afin que des solutions politiques soient mises en place, mais nous n'assurons la sécurité que jusqu'à ce que les Afghans soient capables de le faire eux-mêmes», a déclaré Sir Jock Stirrup dimanche sur la BBC.

«Je pense que ce sera vers 2014», a-t-il ajouté, jugeant «un peu optimiste» l'estimation du commandant en chef de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) et des troupes américaines en Afghanistan, le général américain Stanley McChrystal, qui a indiqué «que ce ne sera pas avant 2013», a rappelé M. Stirrup.

De son côté, le général de corps d'armée Jim Dutton, plus haut gradé britannique en Afghanistan, a déclaré dans un entretien à la BBC: «Nous pouvons atteindre d'ici trois à quatre ans un niveau de sécurité qui permette aux Afghans de prendre la relève».

«Cela vaut la peine que des soldats doivent mourir pour cela, parce que les conséquences d'un échec sont bien plus importantes», a-t-il ajouté, alors que le Royaume-Uni commémore dimanche Remembrance Day, un hommage aux soldats du Commonwealth morts pendant une guerre.

Les deux gradés ont reconnu que des efforts étaient nécessaires pour faire comprendre au grand public les raisons de la présence en Afghanistan, de plus en plus controversée au Royaume-Uni, et montrer que des progrès sont effectués.

Près de deux tiers des Britanniques estiment qu'une victoire dans la guerre en Afghanistan est impossible et 63% veulent un retrait aussitôt que possible de leurs troupes, selon un sondage de l'institut ComRes réalisé pour la BBC, publié dimanche.

«Il faut démontrer que sur le long terme, c'est faisable», a déclaré Jock Stirrup. «C'est douloureux et c'est lent et c'est par à-coups mais nous sommes dans la bonne direction», a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre Gordon Brown a également défendu un peu plus tard la présence britannique: «Si nous n'agissions pas au Pakistan et en Afghanistan, Al-Qaïda comploterait pour causer davantage de chaos dans les rues de nos villes», a-t-il dit sur la BBC.

Le ministre des Affaires étrangères David Miliband a reconnu dans le Mail on Sunday que «la menace est difficile à voir et encore plus compliquée à comprendre». Mais «cette guerre est en tous points une guerre nécessaire», a-t-il affirmé.

S'exprimant avant la cérémonie de commémoration à Londres en présence de la reine Elizabeth II, le ministre de la Défense a relevé sur la chaîne de télévision Sky News que le Royaume-Uni devait «persévérer». «Nous devons faire preuve de fermeté», a-t-il dit.

«La campagne (en Afghanistan) est directement liée à notre sécurité au Royaume-Uni. (...) Un échec serait un désastre pour nous», a-t-il prévenu.

Le Royaume-Uni a déployé 9.000 soldats en Afghanistan et prévoit d'en envoyer 500 supplémentaires. 231 soldats britanniques sont morts depuis le début de l'intervention militaire dans ce pays en 2001.