L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, qui a continué lundi de boycotter son procès pour génocide, a annoncé qu'il assisterait mardi à une audience de procédure devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

«Je serai (...) ravi de participer à l'audience de procédure le mardi 3 novembre», a écrit M. Karadzic dans une lettre au juge sud-coréen O-Gon Kwon, qui préside son procès, publiée lundi. L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, qui se défend seul, ne s'est pas présenté lundi après-midi à la troisième journée d'audience de son procès. Il avait déjà boycotté les deux premières audiences, les 26 et 27 octobre, au motif qu'il n'a pas eu assez de temps pour préparer sa défense.

L'accusation a poursuivi lundi après-midi sa présentation, entamée le 27 octobre, des charges de génocide, crimes de guerres et crimes contre l'humanité pesant contre Radovan Karadzic pour son rôle dans la guerre de Bosnie (1992-1995).

L'audience de mardi est une audience de procédure, à laquelle l'accusation et la défense, c'est-à-dire Radovan Karadzic lui-même, ont été invitées. Elle est destinée à examiner les conséquences du boycott de l'accusé sur le déroulement du procès.

«J'espère que nous pourrons trouver une solution qui mènera à un procès équitable, et pas seulement expéditif», a souligné M. Karadzic, dans sa lettre au juge O-Gon Kwon. Il plaide non coupable.

Les juges du TPI peuvent décider, au terme de l'audience de mardi, de lui imposer un avocat commis d'office, ce qui entraînerait un ajournement du procès de plusieurs mois, le temps que l'avocat prenne connaissance du dossier de l'accusation, lourd d'un million de pages. Ils peuvent aussi décider de poursuivre le procès sans l'accusé.

Le procureur américain Alan Tieger a longuement évoqué lundi après-midi les tirs de snipers et les bombardements sur Sarejevo durant toute la guerre de Bosnie, qui ont causé la mort de 10.000 civils.

Radovan Karadzic «savait que pendant les 44 mois de siège de Sarajevo, ses forces bombardaient et tiraient sur des civils, créant un climat de terreur pour les citoyens», a-t-il affirmé.

«La population civile était visée parce qu'elle vivait dans la capitale d'un pays multiethnique qu'il voulait diviser sur une base ethnique», a poursuivi M. Tieger. «Loin de prévenir ces crimes ou de punir les responsables de ces crimes (...) l'accusé les a encouragés», a-t-il ajouté.

Pour l'accusation, Radovan Karadzic est le «commandant suprême» du «nettoyage ethnique» commis durant la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale, Radovan Karadzic est aussi poursuivi pour le massacre de Srebrenica au cours duquel plus de 7.000 hommes et garçons musulmans ont été exécutés en juillet 1995.

Il «a ordonné l'opération contre Srebrenica, point culminant de son effort de nettoyer ethniquement l'est de la Bosnie (...) en vue d'assurer la création d'un État serbe», selon M. Tieger.

«Il a caché les expulsions massives et les meurtres et continue de le faire aujourd'hui», a poursuivi le magistrat. «Son seul regret (...) était que des musulmans avaient réussi à s'en sortir».