Le propriétaire du plus gros coffee shop des Pays-Bas sera jugé à partir de mardi pour trafic de drogue par le tribunal de Middelbourg, alors que le pays, confronté à un afflux massif de touristes de la drogue, durcit sa politique de tolérance.

Le propriétaire du «Checkpoint», à Terneuzen, à la frontière belge, âgé de 58 ans, comparaîtra libre avec 16 autres prévenus, dont le gérant et des producteurs locaux de cannabis, pour trafic de drogue et appartenance à un groupe criminel organisé.

Fermé depuis mai 2008, le «Checkpoint» accueillait 2000 à 3000 clients par jour, essentiellement des Belges et des Français, qui pouvaient y acheter jusqu'à 5 grammes de cannabis par personne.

«C'est la première affaire de ce genre à si grande échelle», explique à l'AFP une porte-parole du parquet de Middelbourg, Elke Kool: «il s'agit d'une véritable organisation criminelle».

Cent dix kilos de résine de cannabis avaient été saisis par la police en mai 2008 dans le coffee shop et des bâtiments voisins, après une première saisie de 120 kilos en 2007.

Sept jours d'audience seront consacrés à l'affaire et le jugement est attendu pour le 27 novembre.

Les quelque 700 coffee shops détenteurs d'une licence municipale aux Pays-Bas ne sont autorisés à stocker que 500 grammes de cannabis au maximum.

La consommation et la possession de moins de cinq grammes de cannabis sont décriminalisées depuis 1976. La culture et la vente en gros, qui sont aux mains de groupes criminels et rapporteraient deux milliards d'euros par an, sont en revanche interdits.

Mais cette politique de tolérance à l'égard des drogues douces est remise en cause en raison des nuisances et dégradations générées par les millions de touristes de la drogue qui passent la frontière chaque année.

«Nous avons beaucoup moins de nuisances depuis la fermeture du Checkpoint, qui attirait environ 80% de consommateurs étrangers», assure à l'AFP un porte-parole de la ville de Terneuzen, Daniël Rouw. Cette ville de 55.000 habitants compte encore un seul coffee shop, qui attire quotidiennement 600 personnes, «ce qui est plus raisonnable», selon lui.

En septembre, le gouvernement avait annoncé le dépôt, avant la fin de l'année, d'un projet de loi visant à rendre plus difficile l'achat de cannabis par les touristes dans les coffee shops, qui «doivent devenir plus petits et exclusivement orientés vers le consommateur local».

Dans les communes de Roosendaal et Bergen-op-Zoom, proches de la frontière belge, la vente de cannabis est interdite depuis le 16 septembre.

La ville de Maastricht veut de son côté limiter, à partir de janvier 2010, l'accès à ses coffee shops aux seuls détenteurs d'une carte de membre, qui ne pourront plus acheter que trois grammes maximum de cannabis, payables par carte bancaire exclusivement.