La Grande-Bretagne a accentué jeudi ses efforts, à l'occasion d'un sommet européen à Bruxelles, pour promouvoir la candidature de Tony Blair au poste de président de l'UE, malgré les fortes oppositions qu'elle suscite dans le reste de l'Europe.

La réunion, qui s'est ouverte vers 17H40 (12H40 HAE), est aussi marquée par des divisions entre Européens sur l'aide à apporter aux pays pauvres pour les aider à faire face aux effets du changement climatique, à six semaines de la conférence de l'ONU de Copenhague.

«Le gouvernement britannique est d'avis que Tony Blair est un excellent candidat», a déclaré lors d'une conférence de presse le premier ministre Gordon Brown, peu avant l'ouverture du sommet, où la question sera discutée en coulisses au moins.

Cet avis est toutefois loin de faire l'unanimité. «Tony Blair continuera même à l'avenir d'être lié à Bush et à la guerre en Irak (...) je ne suis pas convaincu qu'il soit le bon candidat alors que l'UE doit se diriger vers l'avenir», a sèchement réagi le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn.

Les chefs de gouvernements espagnol, belge et hongrois ont aussi dressé un portrait de leur candidat idéal pour le poste qui s'avère très éloigné de celui de l'ancien premier ministre britannique.

«Je veux un président réellement européen», a dit José Luis Rodriguez Zapatero.

Une allusion à une critique récurrente adressée à Tony Blair, accusé d'avoir suivi sans retenue George W. Bush au moment de la guerre en Irak, et de ne pas avoir fait suffisamment lorsqu'il était au pouvoir pour rapprocher son pays eurosceptique de l'UE.

À défaut de l'emporter avec Blair, les Britanniques pourraient se reporter sur l'autre poste européen très convoité, celui de Haut représentant de l'UE aux affaires étrangères.

Les socialistes européens verraient bien le chef de la diplomatie britannique, le travailliste David Miliband, endosser le costume, même si l'intéressé a réaffirmé jeudi qu'il n'était pas disponible.

La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part indiqué ne pas vouloir encore se prononcer.

«J'aimerais d'abord voir tous les pays terminer la ratification du traité de Lisbonne, là-dessus on avance doucement», a-t-elle déclaré.

«C'est seulement alors que je serai prête à aborder la question des noms», a-t-elle ajouté.

Pour que ces postes voient le jour, il faudra toutefois que le traité de Lisbonne soit ratifié par les 27 pays de l'Union.

Un accord européen semble se dessiner lors du sommet en vue de lever le dernier obstacle posé par le président tchèque, l'eurosceptique Vaclav Klaus, qui demande une garantie pour empêcher des restitutions aux Allemands des Sudètes expulsés en 1945.

Pour le rassurer, les dirigeants européens paraissent disposés à accepter que Prague bénéficie - comme la Grande-Bretagne et la Pologne - d'une clause dérogatoire à l'application de la Charte des droits fondamentaux.

La Hongrie et la Slovaquie s'inquiètent toutefois de ce précédent. «La clause d'exemption dans sa forme actuelle est quelque chose que nous considérons comme très dangereux», a dit le premier ministre hongrois Gordon Bajnai.

Ces questions institutionnelles ont tendance à reléguer au second plan un autre sujet du sommet: le climat.

Les dirigeants européens peinent à surmonter leurs divisions à six semaines de Copenhague sur le montant et la répartition de l'aide à apporter aux pays pauvres pour financer la lutte contre le réchauffement.

«Je veux qu'un montant soit mentionné» pour la contribution de l'UE, a insisté le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside le bloc des 27.

Mais plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, sont réticents à donner des chiffres avant Copenhague. En outre, les pays d'Europe de l'Est refusent que la répartition de l'effort à l'intérieur de l'UE se fasse en fonction des niveaux de pollution, car cela les pénaliserait.