Près de 30% des séropositifs de l'UE et 70% dans certains pays voisins ignorent qu'ils sont infectés par le virus du sida (VIH), impliquant un risque accru de transmission, s'est inquiétée lundi la Commission européenne en affinant sa stratégie de lutte contre la maladie.

«Trente ans après l'apparition de la maladie, l'heure n'est pas encore venue de relâcher l'effort», insiste la Commission dans un document dressant un état des lieux alarmant. «Dans l'Union, près de 30% des séropositifs ne savent pas qu'ils sont infectés, et, dans plusieurs pays voisins (Ukraine, Moldavie, Russie) cette proportion atteint jusqu'à 70%», souligne-t-elle.

Si des traitements efficaces sont désormais disponibles pour retarder l'apparition de la maladie du sida, aucun remède ou vaccin n'existe pour l'instant, rappelle-t-elle.

Entre 2001 et 2007, le nombre de personnes vivant avec le virus en Europe est passé de 1,5 million à 2,2 millions (dont 730.000 résidant dans l'UE).

La proportion de la population adulte (âgée de 15 à 49 ans) infectée par le virus du sida varie considérablement selon les pays, de moins de 0,1% à plus de 1% dans d'autres.

La France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal affichent des taux relativement élevés, de l'ordre de 0,4%-0,5%.  Une proportion qui atteint toutefois le double en Lettonie et le triple en Estonie (1,3%).

Hors de l'Union européenne, la situation de la Russie (1,1% de la population adulte infectée) et de l'Ukraine (détentrice du record avec 1,6%) s'avèrent inquiétantes.

Plus de 80.000 nouveaux cas d'infections par le virus VIH ont été diagnostiqués en 2007 dans l'UE, la Russie et l'Ukraine. Sur ce total, environ 55.000 cas concernaient la Russie et l'Ukraine.

Dans l'est de l'Europe, le virus se propage essentiellement par les toxicomanes partageant leurs seringues. C'est le cas pour l'Ukraine, le Bélarus et la Moldavie, la Lettonie, l'Estonie et la Pologne.

Dans l'UE, les nouveaux cas surviennent majoritairement à la suite de relations sexuelles entre hommes, en particulier au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Espagne, au Portugal et en Belgique.

Dans ses recommandations sur cinq ans, la Commission insiste sur le dépistage précoce et un accès rapide aux traitements.

«Un diagnostic tardif conduit habituellement à un traitement tardif et, partant, à une réduction de l'espérance de vie, à une moindre qualité de vie et à un risque accru de transmission du virus aux partenaires», souligne Bruxelles.

La Commission veut notamment favoriser le transfert de savoir-faire aux pays voisins de l'UE, par exemple à travers des échanges de médecins, d'infirmières et d'experts de la santé.

Il faut particulièrement sensibiliser à la prévention et au dépistage «les migrants des pays enregistrant une forte prévalence du VIH».

Elle appelle plus généralement les gouvernements d'Europe et les organisations non gouvernementales à «cibler les jeunes qui n'ont pas bénéficié des campagnes efficaces de communication sur le VIH menées par le passé».