Un dirigeant de l'opposition russe en Ingouchie a été assassiné dimanche au volant de sa voiture, ont annoncé les autorités locales, tandis que des défenseurs des droits de l'Homme ont dénoncé l'insécurité qui règne dans le Caucase du Nord.

Makcharip Aouchev a été attaqué par des inconnus qui ont tiré sur sa voiture au moment où il circulait sur une route proche du village de Nastran, en Kabardino-Balkarie, république voisine de l'Ingouchie, a indiqué la police locale, citée par les agences russes.

«Aouchev est mort au volant de sa voiture et sa passagère, blessée, a été hospitalisée», selon la même source.

Une enquête pour assassinat a été ouverte par le parquet général de Russie et elle est supervisée personnellement par le procureur général, Iouri Tchaïka, a précisé une représentante du ministère public, Marina Gridneva, citée par les agences russes.

«Le directeur du comité d'enquête du parquet a dépêché un groupe d'enquêteurs et de spécialistes des affaires criminelles sur les lieux, afin d'élucider l'assassinat de M. Aouchev», a ajouté le porte-parole du comité d'enquête, Vladimir Markine.

De son côté, le président ingouche, Iounous-Bek Evkourov, a estimé que ce «crime odieux avait pour objectif de déstabiliser la situation dans la république», selon son service de presse cité par l'agence Interfax.

«Makcharip était un homme connu et respecté dans la république» ingouche, a-t-il ajouté, en adressant ses condoléances aux proches du défunt.

Makcharip Aouchev critiquait la corruption sous le régime de l'ancien président ingouche, Mourat Ziazikov, démis de ses fonctions l'an passé par le président russe, Dmitri Medvedev, et remplacé par M. Evkourov, victime d'une tentative d'assassinat en juin.

«Plusieurs personnes en contact avec Makcharip Aouchev ont dit que le danger qu'il courait du temps de Ziazikov n'avait jamais disparu et qu'il continuait de recevoir des menaces», a déclaré un membre de l'ONG Mémorial, Alexandre Tcherkassov, à la radio Echo de Moscou.

«Au cours des dernières semaines, il avait peur d'une vengeance des services secrets», a-t-il ajouté.

De son côté, la directrice du bureau de l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) à Moscou, Tatiana Lochkina, a jugé que le fait d'exercer une activité d'opposant ou de défenseur des droits de l'Homme dans le Caucase du Nord «devenait presque une forme de suicide».

«Ce nouvel assassinat dans le Caucase du Nord illustre de manière très claire l'atmosphère d'impunité qui règne», a-t-elle ajouté, citée par l'agence Interfax.

Début septembre, les principales ONG russes de défense des droits de l'Homme avaient estimé que le Caucase du Nord, en proie à un fort regain de la guérilla islamiste et des exactions des forces de l'ordre organisées en «escadrons de la mort», était plongé dans une «guerre civile».