La chambre constitutionnelle de la Cour suprême de Justice du Nicaragua a ouvert la voie à la réélection du président Daniel Ortega en 2011, en jugeant «inapplicable» un article de la Loi fondamentale qui interdit au chef de l'État de briguer un deuxième mandat de suite.

L'organe a jugé que cette disposition enfreignait le principe d'égalité des citoyens devant la loi, puisque la Constitution autorise les parlementaires à se représenter indéfiniment, mais pas le président, qui a le droit d'effectuer deux mandats, mais pas de manière consécutive. Cette décision annoncée lundi soir quelques jours seulement après un recours déposé en justice par le président sandiniste (gauche) a suscité une vive polémique.

Le propre président de la Cour suprême de Justice, Manuel Martinez, s'est déclaré mardi surpris par ce jugement et a estimé que les six membres sandinistes de la chambre constitutionnelle qui l'ont adopté avaient fait preuve «d'un irrespect complet de la Constitution».

Les magistrats libéraux siégeant au sein de la chambre assurent quant à eux ne pas avoir été convoqués à temps, ce qui explique qu'ils aient été remplacés par trois sandinistes.

Pour entrer en vigueur, cette décision doit cependant encore être approuvée par la moitié des 16 magistrats de la Cour suprême réunie en assemblée plénière. Huit d'entre eux sont sandinistes.

Le président Ortega avait déposé un recours en justice la semaine dernière, devant le refus du Congrès d'adopter une réforme constitutionnelle lui permettant notamment de se représenter.

Le Parti libéral constitutionaliste (PLC) a dénoncé la décision de la chambre constitutionnelle, estimant qu'elle «viole tous les mécanismes légaux et constitutionnels».

Ortega est arrivé pour la première fois au pouvoir par les armes lors de la révolution sandiniste (1979-90). Il y est revenu par les urnes, en janvier 2007, après avoir remporté l'élection présidentielle de fin 2006.

Plusieurs dirigeants latino-américains ont récemment modifié la Constitution de leur pays pour pouvoir briguer un nouveau mandat, de ses alliés de la gauche radicale (Venezuela, Bolivie, Equateur) jusqu'au président colombien Alvaro Uribe, à droite de l'échiquier politique.