L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a écrit vendredi au Conseil de sécurité des Nations unies pour lui demander «d'honorer» un accord d'immunité que Richard Holbrooke aurait négocié en son nom en échange de son retrait de la vie politique, selon le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

Sa lettre a été adressée à l'actuel président du Conseil, le vietnamien Le Luong Minh, selon une note publiée vendredi par le TPI.

Richard Holbrooke, aujourd'hui envoyé spécial du président Barack Obama pour l'Afghanistan et le Pakistan, était à l'époque l'architecte des accords de paix de Dayton qui, à la fin des années 1990, ont mis fin à la guerre en Bosnie. Il a maintes fois démenti l'existence d'un tel accord.

Le TPI avait confirmé mardi en appel qu'un éventuel accord d'immunité entre Radovan Karadzic et le négociateur américain Richard Holbrooke n'engageait pas le tribunal.

«La chambre d'appel du TPI estime que l'accord passé avec M. Holbrooke ne peut avoir de valeur sans une résolution du Conseil de sécurité et je vous demande donc de faire le nécessaire pour adopter une telle résolution», écrit l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie dans sa lettre rendue publique.

Radovan Karadzic estime également, dans ce document, qu'il a respecté pour sa part cet accord d'immunité en démissionnant de ses fonctions et en se retirant à l'époque de la vie politique.

«Bien sûr, cela n'a jamais été de ma responsabilité d'obtenir une résolution du Conseil et M. Holbrooke a négligé de le faire», ajoute-t-il.

Radovan Karadzic, 64 ans, a été arrêté à Belgrade en juillet 2008 après une cavale de 13 ans. Il est notamment accusé d'être responsable du siège de Sarajevo, au cours duquel 10000 personnes ont été tuées, et du massacre de Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995, au cours duquel 8000 garçons et hommes musulmans ont été exécutés.

Son procès doit commencer le lundi 26 octobre à La Haye.

Radovan Karadzic, a l'intention de se défendre seul, à l'instar de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, mort en mars 2006 avant la fin de son procès, est prévu pour durer deux ans.