Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit examiner jeudi lors d'une session extraordinaire le rapport Goldstone sur le conflit de l'hiver dernier à Gaza, appelant Israël et les Palestiniens à enquêter sur des allégations de «crimes de guerre».

Au lendemain d'un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur le document accusant l'armée israélienne, ainsi que les militants palestiniens, d'avoir commis «des crimes de guerre» et «de possibles crimes contre l'humanité» durant l'offensive israélienne à Gaza de décembre-janvier, ce sont les 47 membres du Conseil des droits de l'Homme qui vont étudier un projet de résolution soutenant les recommandations du rapport mené par le juge sud-africain Richard Goldstone. Il s'agit d'un revirement de situation deux semaines après la décision du Conseil genevois de reporter à mars l'examen du rapport jugé «inique, saugrenu et unilatéral» par Israël.

L'idée était alors de gagner du temps, tandis que les États-Unis tentent de relancer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens.

Mais l'Autorité palestinienne, qui avait au départ défendu la solution de la trêve, a fait volte face ces derniers jours sous la pression politique du Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

Ne siégeant qu'en tant qu'observatrice au Conseil, elle a obtenu grâce au soutien du groupe arabe, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), des non-alignés et des pays africains une session spéciale destinée à faire adopter le rapport.

Les membres de l'instance de l'ONU vont ainsi examiner jeudi un projet de résolution qu'elle a initié sur «la situation des droits de l'Homme dans le territoire palestinien occupé et à Jérusalem».

La partie consacrée au rapport Goldstone ne présente pas de différence majeure avec le texte présenté lors de la dernière session close le 2 octobre.

Il «apporte son soutien aux recommandations» du juge réclamant des enquêtes des deux protagonistes et appelle «toutes les parties concernées dont les organes de l'ONU à assurer leur application immédiate en accord avec leurs mandats respectifs».

Le rapport préconise notamment que le Conseil de sécurité saisisse le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) si aucun progrès n'est fait dans les six mois sur les enquêtes.

Ce point constitue un des problèmes majeurs pour beaucoup d'acteurs occidentaux, explique une source diplomatique.

L'Union européenne, la Norvège, l'Inde et certains pays d'Amérique latine notamment veulent éviter que le texte ne tombe dans les mains du Conseil de sécurité où il s'expose au veto annoncé des Américains et risque d'attiser encore la colère d'Israël, tout en plongeant le rapport «dans une impasse».

«Nous ne pouvons pas imaginer une telle solution», ajoute la même source.

Toutefois, les Palestiniens et leurs alliés majoritaires au Conseil semblent camper sur leurs positions, fait remarquer un autre diplomate occidental estimant difficiles des avancées.

Au final, «il ne fait pas de doute que le texte va être adopté» soit jeudi soit vendredi, ajoute-t-il.

Mais, s'il l'est avec une petite majorité, «cela en affaiblira la portée politique», souligne-t-il, regrettant le revirement palestinien «surtout motivé par des considérations interpalestiniennes».

«Il vaudrait mieux se concentrer sur les recommandations faites aux parties, car c'est cela qui peut faire avancer les choses de façon positive», insiste le diplomate, allant dans le sens du débat organisé mercredi à New York où l'ONU et des représentants des principaux États membres ont pressé Israël et les Palestiniens de démarrer au plus vite les enquêtes préconisées par le rapport.