Le premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé mercredi à la chambre des Communes l'envoi de 500 soldats supplémentaires en Afghanistan, pour porter le contingent britannique à 9500 hommes, au moment même où l'hostilité à ce conflit meurtrier ne cesse de croître au Royaume-Uni.

«Nous avons accepté le principe d'un nombre de soldats britanniques porté à 9500», a expliqué M. Brown lors d'une déclaration devant les députés de retour de vacances estivales. Le ministère de la Défense, joint par l'AFP, a confirmé que cela représentait un renfort de 500 soldats. Le premier ministre a cependant posé trois conditions à l'envoi de ces troupes supplémentaires : que le gouvernement afghan démontre sa détermination «à fournir les troupes afghanes qui doivent être entraînées et combattre aux côtés de nos forces»; que les unités britanniques dépêchées en Afghanistan soient «totalement équipées» avant de gagner le théâtre d'opération; que tous les autres pays membres de la coalition internationale «partagent équitablement l'effort».

«La Grande-Bretagne soutient l'ambition du général (américain) McChrystal d'accélérer le renforcement des forces de sécurité afghanes», a souligné M. Brown.

L'envoi de ces renforts portera le contingent britannique en Afghanistan, le deuxième en nombre derrière les États-Unis, à un niveau sans précédent depuis le début de l'intervention alliée contre les talibans en 2001. 221 soldats britanniques ont trouvé la mort dans ce pays, à ce jour.

Le premier ministre par ailleurs annoncé que son pays allait débloquer 10 millions d'euros d'aide humanitaire supplémentaire à destination des régions du Pakistan «libérées» des militants islamistes.

Interrogé sur l'élection présidentielle du 20 août dernier en Afghanistan, M. Brown a reconnu que «personne ne peut être satisfait de ce qui s'est passé» pendant ce scrutin, soulignant notamment «l'importance de la fraude électorale qui semble avoir eu lieu».

En réponse aux questions des députés, le premier ministre a indiqué avoir demandé mardi au président Hamid Karzaï et à son principal opposant, Abdullah Abdullah, qu'ils «signent un contrat avec nous et les autres dirigeants alliés» pour éliminer la corruption en Afghanistan.

Opposition

Cette annonce survient alors que l'opposition des Britanniques à la présence de leurs troupes en Afghanistan est en forte progression après les lourdes pertes humaines enregistrées depuis le mois de juillet, a indiqué un sondage publié mercredi dans le quotidien The Times.

Plus d'un tiers des Britanniques interrogés (36%) par l'institut de sondage Populus entre les 9 et 11 octobre considèrent désormais que leurs soldats devraient quitter l'Afghanistan. Mi-septembre, ils étaient 29%. Ce résultat est surtout le fait des femmes dont quatre sur dix souhaitent désormais un retrait des troupes britanniques, contre trois sur dix le mois dernier, selon ce sondage.

L'enquête révèle également le sentiment défavorable des Britanniques vis-à-vis de la nomination prochaine comme conseiller du parti d'opposition conservateur --donné gagnant aux législatives de 2010-- de l'ancien chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Sir Richard Dannatt.

Quelque 48% des personnes interrogées ont estimé que le général, qui a vivement critiqué le gouvernement au sujet du manque d'équipements des soldats stationnés en Afghanistan, avait tort de s'engager en politique à peine six semaines après sa retraite de l'armée.