Le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand doit s'expliquer jeudi sur ses écrits sur le tourisme sexuel et les «garçons» de Thaïlande, face à la controverse qui fait rage et aux interrogations qui ont gagné les rangs du gouvernement.

Après s'être retranché derrière le fait que la justice ne reprochait rien à un ministre attaqué en premier lieu par l'extrême droite, le gouvernement juge désormais indispensable des explications de Frédéric Mitterrand. Face à la multiplication des appels à la «démission» ou à la «révocation», le neveu de l'ancien président socialiste François Mitterrand devait s'exprimer en direct au grand journal du soir de la chaîne TF1.

«Je pense qu'il faut qu'il réponde autrement que simplement par l'indignation», a déclaré jeudi matin le ministre du Travail Xavier Darcos, tout en rappelant: «Personne ne fait de reproche à Frédéric Mitterrand sur le plan légal, on lui fait un reproche sur des comportements personnels, des comportements moraux, c'est à lui de répondre à cela».

«C'est depuis que Frédéric Mitterrand a rejoint le gouvernement que le Front National (extrême-droite) et ensuite le Parti socialiste se souviennent de ce qu'il a écrit naguère», a-t-il souligné.

Le livre en cause, «La Mauvaise vie», un «roman d'inspiration autobiographique» est paru en 2005 et avait alors reçu un accueil chaleureux de la critique, sans susciter de polémique.

Frédéric Mitterrand, homosexuel déclaré, y relate à la première personne des épisodes de tourisme sexuel en Asie. Il avait par ailleurs admis au moment de la parution de l'ouvrage avoir lui-même eu ce type d'expérience avec des «garçons» en Asie, en semblant écarter l'implication de mineurs.

La première charge est venue de l'extrême droite, qui a qualifié la présence de Frédéric Mitterrand au gouvernement de «tache indélébile» et réclamé la démission du ministre.

Mais l'opposition socialiste n'est pas restée longtemps silencieuse, donnant le coup d'envoi à une véritable mise à l'épreuve pour Mitterrand, figure du gouvernement.

«Propos choquants», «apologie de l'exploitation sexuelle»: les ténors socialistes rivalisaient jeudi pour manifester leur indignation et réclamer la tête d'un ministre dont l'entrée au gouvernement en juin, de par son simple nom, avait représenté une victoire politique pour Nicolas Sarkozy.

«La question maintenant est de savoir si Monsieur Frédéric Mitterrand doit démissionner ou pas», a attaqué mercredi soir le porte-parole socialiste Benoît Hamon. Un autre responsable du PS, Jean-Paul Huchon, a jugé jeudi qu'il était «difficile de maintenir au gouvernement une personne qui a été carrément coupable de faits que le gouvernement poursuit».

Après avoir fait une «relecture minutieuse» des pages incriminées du livre, le député socialiste Arnaud Montebourg exige la «révocation» du ministre, qui aurait, selon lui, fait «l'apologie» de «pratiques sexuelles condamnables».

Se démarquant des socialistes, une responsable des Verts, Cécile Duflot, a appelé à ne pas «pas faire d'amalgame entre pédophilie et homosexualité».

Refusant lui aussi «les amalgames», le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, qui ne fait pas mystère de son homosexualité, a dénoncé sur son blog «désinformations» et «lâcheté», invitant chacun à lire l'ouvrage incriminé avant de clouer au pilori son auteur.

«Loin de faire l'apologie du tourisme sexuel, il (Mitterrand) décrit au contraire l'impasse que représente toute relation tarifée, jetant un regard implacable sur son propre cheminement. C'est son histoire, et elle est bouleversante», estime l'élu.