Le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a appelé mercredi aussi bien la Russie que les alliés européens des États-Unis à contribuer à la formation et au renforcement des troupes afghanes.

«La Russie a déjà permis le transit» d'équipements destinées à la force internationale commandée par l'OTAN en Afghanistan et cet accord «pourrait être élargi, c'est un premier point», a-t-il déclaré à La Presse, sans entrer dans le détail. Pour l'instant, le matériel qui transite par chemin de fer ou avion via le territoire russe ne doit pas être «létal», et il ne peut donc s'agir d'armements.

«En deuxième lieu, a ajouté M. Rasmussen, la Russie pourrait fournir des équipements aux forces de sécurité afghanes».

«Troisièmement, elle pourrait contribuer à leur entraînement», a-t-il estimé, se félicitant de la bonne atmosphère retrouvée entre l'OTAN et Moscou après la brouille provoquée par le conflit russo-géorgien d'août 2008.

Selon un porte-parole du secrétaire général de l'OTAN, «ce sont là ses idées personnelles» et «tout cela n'a pas encore été discuté au fond avec les Russes».

M. Rasmussen a indiqué que les ministres des Affaires étrangères alliés et russe se réuniraient «probablement», en marge de la réunion des chefs de la diplomatie de l'Alliance atlantique prévue les 3 et 4 décembre à Bruxelles.

Le secrétaire général de l'OTAN a indiqué que les pays alliés étaient toujours en train d'examiner le rapport sur la nouvelle stratégie que leur a soumis en septembre le général américain Stanley McChrystal, le nouveau commandant en chef de la force internationale (Isaf). «Aucune conclusion» n'a encore été tirée, a-t-il affirmé.

Toutefois, a-t-il souligné, «notre approche globale doit intégrer l'objectif de rendre les Afghans suffisamment forts pour résister au terrorisme et à l'insurrection» des talibans.

Et c'«est pourquoi nous devons apporter les ressources nécessaires à la mission de formation que l'OTAN va lancer d'ici à la fin du mois» à Kaboul, a-t-il déclaré.

«Que ce soit en termes de personnel comme de finances, nous devons faire plus», a-t-il lancé, appelant les alliés des États-Unis à «équilibrer comme il convient ce que les Américains font» de leur côté.

Washington, après avoir envoyé 21.000 soldats de plus cette année, examine une demande de renforts supplémentaires du général McChrystal, qui voudrait jusqu'à 40.000 militaires américains de plus pour assurer le succès de la nouvelle stratégie qu'il préconise.

Aujourd'hui, les deux tiers des quelque 100 000 soldats étrangers en Afghanistan sont déjà américains, si l'on inclut l'opération Liberté immuable commandée par les États-Unis.

«Il est important pour la bonne santé des relations transatlantiques à long terme que les autres pays de l'OTAN contribuent à l'opération» en Afghanistan, a assuré M. Rasmussen, tout en se refusant à tout commentaire sur la question des effectifs à fournir, qu'ils soient américains ou européens.

«Si les États-Unis ne voient pas (leurs alliés faire un effort), j'ai peur que cela ne porte tort aux relations au sein de l'OTAN», a-t-il insisté.