La chancelière conservatrice allemande Angela Merkel semblait assurée d'un nouveau mandat après les législatives de dimanche, mais elle a lancé samedi un dernier appel à la mobilisation pour parvenir à gouverner avec ses alliés préférés, les libéraux.

«Il s'agit de décider comment nous allons sortir vite de la crise» économique, a affirmé la chancelière devant un millier de militants conservateurs réunis pour son dernier meeting de campagne dans une salle de concert de Berlin. Tout juste rentrée du sommet du G20 à Pittsburgh (États-Unis), elle a longuement insisté sur le fait que «seule une Union (chrétienne-démocrate) forte» était en mesure d'assurer la reprise de la première puissance économique européenne.

Ovationnée par une foule clamant des «Angie, Angie», la chancelière la plus populaire de l'histoire de l'après-guerre a une nouvelle fois appelé de ses voeux la formation d'une coalition avec les libéraux du FDP.

«Demain, il s'agira de donner la force à l'Union de former un nouveau gouvernement en Allemagne, dans une nouvelle constellation» avec le FDP, a assuré la dirigeante de l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

«Nous allons nous battre jusqu'au bout car chaque voix compte», a-t-elle martelé.

En trente minutes de discours, elle n'a pas une seule fois évoqué son principal rival à la chancellerie, le ministre social-démocrate des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Elle s'est également gardée d'attaquer de front le camp social-démocrate avec qui elle pourrait être contrainte de former une nouvelle «grande coalition».

Alors que son but est d'obtenir une majorité de gouvernement avec le FDP, les derniers sondages indiquent au contraire qu'elle pourrait être obligée de reconduire sa coalition avec le SPD: ils accordent en effet au mieux 48% des intentions de vote aux conservateurs et au FDP réunis, ce qui pourrait tout juste leur permettre de recueillir la moitié des sièges au Bundestag.

Le SPD est crédité de 25 à 27% des voix, mais les indécis représentaient encore un quart de l'électorat selon les estimations, un record pour des législatives.

La chancelière, première femme à diriger l'Allemagne et première chef de gouvernement issue de l'ex-RDA, a tenté de jouer sur sa popularité durant cette campagne jugée terne, à grand renfort d'affiches où elle apparaît avec ce slogan: «nous votons pour la chancelière».

Elle «a gouverné avec tant d'assurance durant ces quatre dernières années que beaucoup parmi les 62,2 millions d'électeurs voteront pour la CDU bien qu'ils n'aiment pas du tout ce parti», résumait samedi le quotidien de centre-gauche S-ddeutsche Zeitung.

De son côté, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier a dressé un tableau très noir vendredi soir de ce que serait l'Allemagne sans le SPD au gouvernement. En cas de coalition CDU/FDP, «vous verrez des coupes claires dans le système de protection sociale», avait-il assuré devant 10.000 personnes rassemblées au pied de la Porte de Brandebourg à Berlin.

Cette fin de campagne électorale était également marquée par la multiplication des menaces terroristes, alors que les mesures de sécurité ont été renforcées ces derniers jours aux alentours des aéroports et gares.

La police judiciaire a découvert vendredi sur Internet une nouvelle vidéo menaçant l'Allemagne d'attentats si ses troupes ne se retirent pas d'Afghanistan. Elle émanait des milieux talibans. Trois autres vidéos avaient déjà été diffusées au cours de la semaine écoulée. Elles émanaient du réseau terroriste Al-Qaeda et s'adressaient directement à l'Allemagne, dont une en la menaçant.