Le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a proposé vendredi que l'alliance, les États-Unis et la Russie relient un jour leurs systèmes de défense antimissile, face au danger de pays comme l'Iran, et renforcent leur coopération dans tous les domaines.

Au lendemain de l'abandon par les États-Unis, à la grande satisfaction de Moscou, de leur projet de bouclier antimissile stratégique en Europe centrale, M. Rasmussen a fait «trois propositions concrètes» pour parvenir à renforcer un partenariat OTAN-Russie sérieusement écorné depuis deux ans. La première consisterait à «examiner immédiatement un renforcement de la coopération (OTAN-Russie) dans tous les domaines» jugées par elles d'intérêt commun.

Comme exemple, M. Rasmussen a cité la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et la stabilisation de l'Afghanistan.

Seconde proposition, destinée à rétablir une confiance sérieusement ébranlée par des divergences graves sur l'élargissement de l'OTAN, M. Rasmussen souhaite «revitaliser le Conseil OTAN-Russie (l'organe de consultation entre l'Alliance atlantique et Moscou)», afin de pouvoir aborder tous les sujets «sans préjugé».

Enfin, dans son premier grand discours politique depuis son entrée en fonction en août, l'ancien premier ministre libéral danois a offert à la Russie de passer en revue ensemble les «nouveaux défis sécuritaires» du 21e siècle.

Pour concrétiser cette solidarité face aux nouvelles menaces, M. Rasmussen s'est prononcé pour que Moscou, Washington et ses alliés européens réfléchissent ensemble aux moyens de relier «le moment venu» les systèmes de défense antimissile des États-Unis, de l'OTAN et de la Russie.

«Nos pays et nos armées vont tous devenir de plus en plus vulnérables à des attaques de missiles, et l'intérêt fondamental de l'OTAN et de la Russie est d'explorer la possibilité de relier, le moment venu, les systèmes de défense antimissile des États-Unis, de l'OTAN et de la Russie», a affirmé M. Rasmussen.

Cette offre reprend une idée évoquée pour la première fois par les États-Unis, l'OTAN et la Russie en marge du sommet allié de Bucarest en avril 2008.

M. Rasmussen a aussi demandé à la Russie qu'elle se joigne aux Occidentaux pour «exercer un maximum de pression» sur l'Iran, afin que Téhéran abandonne ses «ambitions» nucléaires et balistiques.

C'est la crainte que les fusées iraniennes puissent un jour avoir une portée suffisante pour cibler l'Europe et les États-Unis qui était à l'origine du projet de l'administration du président George W. Bush d'installer le bouclier américain en Pologne et en République tchèque.

«Je pense qu'il est possible pour l'OTAN et la Russie de prendre un nouveau départ», a résumé M. Rasmussen, bien qu'il ait réaffirmé ensuite, en réponse à une question, que l'OTAN souhaitait toujours l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie, sujet de fâcherie avec Moscou qui y est radicalement hostile.

M. Rasmussen a par ailleurs proposé d'apaiser les «inquiétudes» de la Russie sur son éventuelle «marginalisation» en Europe en discutant avec elle de la nouvelle architecture de sécurité euro-atlantique promue par le président russe Dmitri Medvedev.

L'OTAN rassure la Pologne et la République tchèque

Le secrétaire général de l'OTAN a par ailleurs tenté d'apaiser vendredi les craintes suscitées en Pologne et République tchèque par l'abandon du projet initial américain de bouclier antimissile, en affirmant que la défense des alliés en sortirait renforcée.

La décision du président Barack Obama ne constitue «pas une abolition de la défense anti-missile (en Europe), ce n'est pas le cas», a déclaré Anders Fogh Rasmussen lors d'un débat à Bruxelles sur la sécurité, organisé par la Fondation Carnegie.

«Au contraire, les nouveaux projets vont permettre d'avoir les nouveaux instruments (de défense anti-missile) prêts plus tôt qu'avec le projet précédent», et autoriser la mise en place d'un système de protection «plus large», a-t-il dit.

«Donc il n'y a aucune raison de penser que ces projets vont affaiblir la défense d'un quelconque allié, au contraire», a dit M. Rasmussen.