Les Norvégiens votaient lundi pour un nouveau Parlement dans un scrutin incertain pour la coalition de gauche sortante, mise en difficulté dans un des pays pourtant les plus prospères au monde.

Les bureaux de vote ont ouvert à 9H00 (3HOO HAE). Certains électeurs ont pu déposer leur bulletin dès dimanche, une petite moitié des 430 communes ayant décidé d'étaler le scrutin sur deux jours.

Le gouvernement, qui regroupe les travaillistes -première formation du pays- et leurs alliés socialistes et centristes, et l'opposition de droite, dominée par les populistes et divisée, sont au coude à coude dans les derniers sondages.

La coalition pourrait remporter une majorité de 88 sièges sur 169 au Storting, contre 79 mandats pour la droite et 2 pour l'extrême-gauche, selon une enquête publiée lundi dans le journal Dagens Naeringsliv.

«J'ai voté travailliste parce que je me reconnais dans leur slogan: tout le monde à bord», confie Helga Oestebroe, une jeune femme de 25 ans qui suit une formation de policière, rencontrée à l'Hôtel de ville d'Oslo où elle venait de voter.

Chantre de la justice sociale et de l'emploi, le premier ministre Jens Stoltenberg, au pouvoir depuis 2005, se flatte d'avoir aidé la Norvège à surmonter sans mal la crise économique en puisant dans la manne pétrolière.

En prévision de l'ère post-pétrole, le royaume nordique, cinquième exportateur mondial d'or noir, place depuis 1996 ses revenus pétroliers dans un fonds de pension qui pesait 277 milliards d'euros fin juin.

Se tenant obstinément à l'écart de l'Union européenne (UE), le pays affiche aujourd'hui le taux de chômage le plus faible d'Europe (3,0%).

«Le parti travailliste a la meilleure politique tant pour la stabilisation de l'économie que pour protéger les emplois, mais aussi pour les soins aux personnes âgées, l'éducation et le transport», a affirmé M. Stoltenberg, avant de voter dimanche.

Mais nombre de Norvégiens restent sur leur faim, s'exaspérant des carences persistantes de l'État-providence alors qu'ils sont fortement imposés et que le gouvernement dispose du deuxième fonds souverain au monde.

«La Norvège va bien tout simplement parce qu'on a du pétrole, pas grâce à la politique du gouvernement», estime Ole, un ingénieur de 53 ans, qui dit «pencher pour le changement» afin de créer un environnement propice aux entreprises.

L'opposition de droite promet réductions d'impôts et privatisations.

«Nous n'allons pas démanteler l'État-providence», affirme cependant la présidente du parti Conservateur, Erna Solberg, 48 ans, considérée comme la principale prétendante au poste de premier ministre à droite.

Crédité de près d'un quart des intentions de vote, le parti du Progrès (populiste) de Siv Jensen, 40 ans, veut aussi puiser davantage dans le fonds pétrolier pour réduire la fiscalité tout en comblant les exigences croissantes des électeurs.

Une règle, que les populistes veulent abroger, limite à 4% la part que l'État peut prélever, en temps normal, dans ce fonds pour équilibrer son budget.

Mais le parti du Progrès, qui dénonce une «islamisation rampante» de la société, divise la droite: deux partis de centre-droit refusent de gouverner avec lui en raison de ses positions anti-immigration.

Si la gauche échouait à conserver sa majorité parlementaire, ces désaccords à droite paveraient vraisemblablement la voie à un gouvernement minoritaire autour de la conservatrice Erna Solberg ou à un cabinet, également minoritaire, purement travailliste.

Il est fréquent en Norvège qu'un gouvernement ne dispose pas de la majorité au Parlement. Elu pour quatre ans à la proportionnelle, ce dernier ne peut être dissous.