Le réseau des trains urbains à Berlin était à nouveau quasiment paralysé mardi par des problèmes de sécurité, plongeant dans la pagaille la capitale de la première puissance européenne.

Depuis mai, les perturbations du réseau S-Bahn sont quotidiennes. Mais elles sont montées d'un cran mardi matin, au moment où des centaines de milliers de Berlinois s'apprêtaient à se rendre à leur travail. Plusieurs lignes ont été totalement privées de trains, notamment sur un tronçon très fréquenté du centre reliant l'est et l'ouest de la métropole, qui s'étend sur 891 km2. Des trains régionaux y ont été mis à disposition dans l'urgence, mais avec des retards importants.

Sur les autres lignes, les quelque 1,3 million d'usagers quotidiens devaient se contenter d'un train toutes les 20 minutes, notamment en direction de l'aéroport de Schönefeld.

Résultat: les voyageurs s'agglutinaient sur les quais ou se serraient dans les rares rames circulant encore. Dans le centre, il fallait une heure et dix minutes pour effectuer un trajet qui en temps normal ne prend que 30 minutes.

Et pour la première fois, la grogne était palpable parmi des passagers qui avaient jusqu'ici fait preuve d'une grande patience.

Cette quasi-paralysie a pris toute le monde par surprise. La S-Bahn, filiale de la compagnie des chemins de fer Deutsche Bahn, a annoncé lundi vers 19 heures seulement qu'elle supprimait les trois-quarts de ses trains à partir de mardi à l'aube.

Une décision qui suit un ordre de l'Agence fédérale des chemins de fer EBA, qui a exigé la vérification des freins de toutes les rames après qu'un problème dans le système de freinage a été détecté lors d'un contrôle de routine sur une voiture.

Résultat, près de 75% du parc immobilisé, seuls 163 wagons sur les 632 dont dispose en temps normal le réseau pouvant encore circuler.

En mai, l'EBÀ était déjà intervenue, pour une défaillance des essieux. Un train transportant des voyageurs avait déraillé: une roue s'était brisée. Un accident resté sans gravité mais qui avait mis en lumière les négligences de la société chargée de la gestion des trains.

«Cette fois-ci ce sont les freins», titrait mardi la Berliner Zeitung sur un ton rageur tandis qu'un autre quotidien berlinois, le Tagesspiegel, annonçait un «nouveau désastre dans les S-Bahns». «Ca suffit!», s'exclamait le quotidien populaire Bild.

«Il est faux de croire qu'il s'agit d'une défaillance technique. C'est une défaillance de responsables bien payés d'une grande entreprise de transport», rageait le Tagesspiegel.

Nombre de commentateurs avaient mis ces ennuis sur le compte d'un défaut d'investissement et accusé la Deutsche Bahn d'avoir fait des économies drastiques avant son introduction en bourse, depuis reportée sine die.

La municipalité, qui verse 232 millions d'euros à DB pour 2009, avait tempêté et en juin, la direction du S-Bahn berlinois avait été limogée pour incompétence.

Bus, tramways et métros circulaient eux mardi normalement. Aucune date n'a été fixée pour un retour à la normale.