Costas Caramanlis, le premier ministre grec et chef du parti de la droite au pouvoir, joue son va-tout en convoquant à mi-mandat des élections législatives anticipées le 4 octobre, au moment où il est au plus bas dans les sondages.

Après plusieurs mois de vives critiques de l'opposition socialiste en raison d'une série de scandales de corruption et de la dégradation des finances publiques provoquée par la crise, M. Caramanlis a cédé à la pression et appelé mercredi soir le peuple grec aux urnes en mettant en avant «la nécessité» d'adopter des mesures pour assainir l'économie. «C'est un grand risque politique pour M. Caramanlis juste deux ans après sa reconduction au pouvoir» en septembre 2007, a dit à l'AFP l'économiste Georges Pagoulatos.

«Les recettes publiques sont considérablement réduites, la dette a bondi à 60 milliards d'euros (...) et le gouvernement a du mal à préparer le budget de 2010», explique-t-il.

Avec un déficit public de 5,7% attendu en 2010, selon les prévisions européennes, et une dette égale à plus de 100% du PIB, la Grèce est pressée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) de «ne pas tarder» à adopter des réformes structurelles.

«La grogne sociale monte, les syndicats ont déjà annoncé une mobilisation forte et donc la droite aurait encore encaissé des coups», commente l'analyste politique Thomas Gérakis.

La Nouvelle Démocratie de M. Caramanlis, qui n'a qu'une voix de majorité (151 députés sur 300), avait déjà subi une importante érosion de sa popularité au cours des troubles urbains en décembre 2008 après la mort d'un adolescent tué par erreur par la police.

Faisant preuve de ténacité, M. Caramanlis, un centriste convaincu âgé de 52 ans et chef de son parti depuis 1997, avait alors remanié son gouvernement pour lui donner un nouveau souffle.

Mais le dilemme des élections préoccupait la droite, surtout après que le parti socialiste, le Pasok, eut menacé, à l'occasion de l'arrivée à son terme du mandat du président de la République, Carolos Papoulias en mars 2010, de ne pas consentir à faire élire un président de compromis, comme il l'avait fait en 2005.

En vertu de la Constitution, le président doit recueillir les voix de 200 des 300 députés du Parlement, sinon des élections législatives doivent être convoquées.

Profitant pour la première fois depuis plusieurs années d'une avance de 6% face à la droite, le Pasok s'est dit prêt à prendre les rênes du pays.

«Le gouvernement s'est écroulé devant l'impasse», a déclaré mercredi le chef du Pasok, Georges Papandréou, appelant le peuple grec à «un nouveau départ».

À la suite de «ce chantage» exercé par le Pasok, «qui conduirait à une période pré-électorale longue et catastrophique pour l'économie», M. Caramanlis a fixé jeudi la date des élections après avoir annoncé la dissolution lundi du parlement.

Toutefois, la décision de Costas Caramanlis, qualifiée de «personnelle» par plusieurs analystes afin de «sauver son image politique», a provoqué jeudi des réactions négatives au sein de son parti.

L'ex-ministre de la Culture Michalis Liapis a ainsi annoncé qu'il ne serait pas candidat aux prochaines élections, qui constituent «une erreur historique pour notre parti».

Par ailleurs, en raison d'une récente réforme de la loi électorale, certains analystes craignent que le pays ne traverse une période d'«instabilité politique».

«Il n'est pas certain qu'une majorité se dégage à l'issue des élections et le vainqueur devra peut-être envisager de former un gouvernement minoritaire ou une coalition à l'allemande», juge un diplomate européen de haut rang.