Jacques Monsieur, un Belge résidant en France et trafiquant d'armes international notoire, a été arrêté aux Etats-Unis et présenté mercredi à un juge fédéral pour exportation illégale de pièces détachées d'avions de combat américains vers l'Iran.

Agé de 56 ans, l'homme a été interpellé vendredi à son arrivée dans un aéroport de New York et devait être présenté à un juge à Mobile (Alabama, sud), a indiqué le ministère américain de la Justice.

Avec un complice de nationalité iranienne toujours en fuite, il avait été inculpé au préalable par un grand jury pour avoir exporté vers l'Iran des pièces détachées de F-5, un avion de combat datant des années 60 et que les Américains vendaient à Téhéran avant la révolution islamique de 1979.

Les Américains ont imposé depuis lors un embargo sur les ventes d'armes à l'Iran. De plus, depuis 1995, un embargo commercial interdit toute exportation de marchandises vers ce pays.

M. Monsieur est également poursuivi pour complot, blanchiment d'argent et contrebande et risque un total de 65 ans de prison.

D'après l'acte d'inculpation dont l'AFP s'est procuré copie, l'homme a pris contact sans le savoir en février 2009 avec un agent fédéral infiltré pour lui commander des pièces de F-5, ainsi que des documents falsifiés. Il souhaitait faire partir les marchandises vers la Colombie ou les Emirats Arabes Unis, avant de les réexpédier vers l'Iran.

M. Monsieur était déjà connu pour ses activités de trafic d'armes. Fin 2002, il avait été condamné à 40 mois de prison en Belgique pour avoir vendu des «quantités incroyables» d'armes, dont des lance-grenades et des pièces de missiles, à l'Iran, la Chine, l'Equateur, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie dans les années 80 et 90.

Auparavant, il avait fait de la prison en Iran et en Turquie.

L'arrestation de ce trafiquant d'armes illustre la lutte des Etats-Unis contre un nombre croissant d'exportations illégales de matériel militaire ou de technologies sensibles vers la Chine, l'Iran ou des groupes terroristes.

Les accusations portées contre M. Monsieur «soulignent la portée du réseau iranien de passation de marchés et montrent combien les trafiquants d'armes internationaux aident (Téhéran) à s'approvisionner», a commenté dans un communiqué David Ogden, numéro 2 du ministère de la Justice américain.

Dans un rapport publié en juin 2009, la Cour des comptes américaine (GAO) s'était alarmée de la facilité avec laquelle des technologies militaires sensibles pouvaient être achetées sur le sol américain puis exportées.

Selon le ministère américain de la Justice, plus de 145 personnes ont été condamnées aux Etats-Unis en 2008 pour avoir violé la législation relative au contrôle des exportations, dont 43 ont cherché à envoyer illégalement des technologies ou des produits sensibles vers l'Iran ou la Chine.

Trois Irlandais ont été inculpés fin mars 2009 à Washington pour avoir illégalement transporté des hélicoptères et des pièces détachées d'avions vers l'Iran.

Entre août 2005 et juillet 2008, leur société basée en Irlande achetait des pièces détachées d'avions aux Etats-Unis, après avoir reçu des bons de commande de Téhéran mais sans en aviser les Américains. La marchandise transitait ensuite par des pays tiers, dont la Malaisie.

Une Iranienne a par ailleurs été condamnée en mars en Floride à cinq ans et trois mois de prison pour avoir tenté d'exporter illégalement des équipements militaires vers son pays.