Le premier ministre britannique Gordon Brown s'est déclaré «en colère» et «révulsé» mardi par la façon dont la Libye a accueilli Abdelbaset Ali al-Megrahi, l'unique personne condamnée pour l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988.

«J'ai été à la fois en colère et révulsé par l'accueil réservé à son retour en Libye à l'auteur d'un attentat condamné et coupable d'un très grand crime terroriste», a déclaré le chef du gouvernement britannique, dans sa première réaction publique à cette affaire. Selon de hauts responsables du gouvernement régional écossais et du gouvernement britannique, la Libye s'était engagée à ce que le retour de Megrahi soit discret, alors qu'il a été reçu en héros dans son pays jeudi soir.

Abdelbaset Ali al-Megrahi, qui a toujours clamé son innocence, a été libéré pour des raisons humanitaires par la justice écossaise. Il est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale qui lui laisse moins de trois mois à vivre, selon les spécialistes britanniques consultés.

M. Brown a refusé d'émettre une opinion quant à la libération de Megrahi, soulignant qu'il s'agissait d'une décision judiciaire de l'Ecosse, région autonome.

«Je veux toutefois qu'il soit absolument clair que quelle que soit la décision prise pour des raisons humanitaires par le gouvernement écossais, notre détermination à combattre le terrorisme est absolue», a-t-il prévenu. «Notre détermination à oeuvrer avec d'autres pays pour combattre et éradiquer le terrorisme est totale», a-t-il insisté, «nous voulons travailler avec des pays -même des pays comme la Libye, qui a renoncé aux armes nucléaires et veut intégrer la communauté internationale- pour lutter contre le terrorisme à travers le monde».

«Je ne pense pas que ce qui s'est passé nuise à notre relation avec Israël, les États-Unis ou tout autre pays qui se soit engagé avec nous dans la lutte contre le terrorisme», a encore dit le premier ministre britannique, qui s'exprimait aux côtés de son homologue israélien Benyamin Nétanyahou, en visite à Londres dans le cadre d'une tournée européenne.

L'attentat du 21 décembre 1988 contre un Boeing 747 de la PanAm au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie avait fait 270 morts: 259 personnes à bord -des Américains pour la plupart- et 11 au sol.

Des familles de victimes, surtout américaines, ainsi que de hauts responsables américains, y compris le président Barack Obama, ont vivement critiqué la remise en liberté de Megrahi par la justice écossaise.