Les huit présumés pirates accusés par les autorités russes d'avoir détourné le 24 juillet le cargo Arctic Sea, ont été débarqués mercredi au Cap-Vert pour être ensuite transférés vers Moscou, mais l'affaire reste ténébreuse, les enquêteurs refusant d'en divulguer les détails.

Menottés dans le dos, parfois torse nu, les huit hommes sont descendus dans l'après-midi d'un navire de guerre russe, au port cap-verdien de Palmeiras. Puis, sous très forte escorte, ils ont été conduits vers l'aéroport de l'île de Sal où les attendait un avion Iliouchine.

Onze marins russes du cargo détourné, pris en otages le 24 juillet en mer Baltique, avaient d'abord été débarqués à Palmeiras à la mi-journée.

Tous - pirates et membres de l'équipage - devaient être acheminés vers Moscou à bord du même avion.

«Tout est prêt pour le départ» de l'Iliouchine, a déclaré peu avant 19H00 heure locale (16H00 HAE) un fonctionnaire du service des opérations aéroportuaires.

A la mi-journée, l'ambassadeur de Russie à Praia, Alexandre Karpouchine, avait accompagné à bord du navire de guerre russe une délégation du Conseil de Sécurité russe. Il s'agissait, selon le diplomate, de procéder à «un premier interrogatoire des membres de l'équipage de l'Arctic Sea, pour commencer à comprendre, effectivement, ce qui s'était passé à bord».

Les ex-otages avaient déjà eu l'occasion de raconter leurs péripéties aux enquêteurs. «Les membres de l'équipage ont confirmé que les pirates avaient demandé une rançon et qu'en cas de non accomplissement de cette exigence ils feraient exploser le bateau», a déclaré un représentant du ministère russe de la Défense.

Selon la même source, l'équipage a également «confirmé que les pirates s'étaient débarrassés de leurs armes lorsque l'escorteur russe Ladny avait pris les commandes du cargo».

Moscou avait annoncé mardi l'interpellation des pirates, en précisant qu'il s'agissait de deux Russes, deux Lettons et quatre Estoniens.

Mais beaucoup d'éléments de l'opération de sauvetage n'ont toujours pas été dévoilés par les enquêteurs.

Et à Helsinki, mercredi, la police finlandaise qui coordonne l'enquête a précisé que l'organisateur de l'attaque ne figurait peut-être pas parmi les personnes arrêtées.

«Il se pourrait que le cerveau courre toujours. Nous ne connaissons pas encore l'affaire dans son ensemble», a déclaré à l'AFP un responsable du bureau national d'enquêtes finlandais, Rabbe von Hertzen.

Après une traque internationale de plusieurs semaines entre la Baltique et l'Atlantique - qui a mobilisé une vingtaine de pays et donné lieu à une coopération entre la Russie et l'Otan - l'épopée de l'Arctic Sea s'est donc terminée, apparemment, sans violence, mais dans le plus grand secret.

L'annonce de la libération de l'équipage a ainsi été faite plusieurs heures après les faits, alors qu'officiellement, la position exacte de l'Arctic Sea n'était pas connue.

«Nous n'avons pas pu rendre cette information publique (sur la localisation) afin de protéger la sécurité de l'équipage», a fait valoir une porte-parole de la police criminelle suédoise.

Il semble que si le cargo battant pavillon maltais n'a pas été en permanence sous surveillance étroite pendant tout son périple, il a du moins été suivi «constamment pendant plusieurs jours» avant le déclenchement de l'opération de sauvetage, selon l'Autorité maritime maltaise.

L'ambassadeur de Russie à Praia a assuré à l'AFP que «quatre» des quinze marins étaient restés à bord de l'Arctic Sea pour assurer sa maintenance. Selon le diplomate, le cargo se trouvait encore mercredi «en plein océan» Atlantique, «à 260 milles marins (416 km)» du Cap-Vert.

Une fois l'enquête à bord terminée, il «sera rendu à son propriétaire afin qu'un nouvel équipage puisse l'acheminer en Algérie» où il livrera son chargement de bois, a affirmé M. von Hertzen.

Mais «il faudra des mois avant que nous ayons une idée de ce qui s'est réellement passé», a-t-il prévenu.