Le ministère iranien des Affaires étrangères à proposé à la France d'accorder une liberté conditionnelle à Clotilde Reiss, à condition qu'elle réside à l'ambassade de France à Téhéran jusqu'à la fin de son procès, a expliqué mardi l'ambassadeur d'Iran en France, Seyeb Mehdi Miraboutalebi, ajoutant que Paris n'avait pas encore fait connaître sa réponse.

Le Quai d'Orsay, qui a convoqué l'ambassadeur iranien après cette intervention, a réfuté catégoriquement les déclarations du diplomate laissant entendre que la France ne mettrait pas tout en oeuvre pour obtenir la libération de Clotilde Reiss.

«Les autorités iraniennes ont été informées depuis plusieurs semaines que l'ambassade de France à Téhéran était prête à accueillir Clotilde Reiss dès lors que celle-ci bénéficierait d'une mesure de remise en liberté, ce qui n'est toujours pas le cas à ce jour», a souligné le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner dans un communiqué en forme de mise au point.

«Cette décision relève de la responsabilité intégrale des autorités iraniennes. Nous souhaitons donc que celles-ci prennent le plus rapidement possible les dispositions nécessaires pour que Clotilde Reiss soit libérée», a-t-il ajouté.

«Notre vice-ministre des Affaires étrangères a donné un engagement au pouvoir judiciaire iranien pour que cette demoiselle, jusqu'à la fin de son procès -et à condition que le gouvernement et l'ambassadeur de France à Téhéran accepte et s'engage officiellement- réside à l'ambassade de France à Téhéran jusqu'à ce que le processus judiciaire arrive à son terme», a pour sa part affirmé M. Miraboutalebi sur RFI. «Elle pourra bénéficier d'une liberté conditionnelle. Jusqu'à maintenant on n'a pas eu de réponse de la part de l'ambassadeur de France.»

«Nous sommes en train d'essayer de créer des conditions favorables pour Clotilde Reiss», a-t-il ajouté, tout en insistant sur le fait que «c'est le juge qui décide de la longueur du procès».

Répétant à plusieurs reprises que la justice était «indépendante» en Iran, il a assuré que Clotilde Reiss «a un avocat», qui «était présent lors du procès. Et par conséquent aujourd'hui c'est un procès judiciaire qui est en train de suivre son chemin (...) En France c'est pareil.»

La jeune Française est «allée en Iran avec un visa d'un mois et finalement s'est retrouvée sur place pendant cinq mois, alors même que son visa avait expiré depuis longtemps», a-t-il par ailleurs affirmé. «Cette demoiselle a préféré enseigner la langue française pendant quinze jours au milieu des manifestants et au milieu de l'agitation, donc il y a un certain nombre de chefs d'accusation à son encontre».

«Notre ministère des Affaires étrangères a tenté avec vraiment le minimum de dégâts d'essayer de trouver une solution», a encore expliqué M. Miraboutalebi. «On a demandé (aux) autorités françaises dans une situation de calme qu'on puisse sans médiatiser trouver une solution», a-t-il précisé, «malheureusement nos amis français n'ont pas voulu avoir la patience nécessaire et ont prétendu que cette demoiselle était totalement innocente. Autrement dit, ils ont pris la place des juges en Iran» en déclarant «qu'elle devait être immédiatement libérée et que si elle n'était pas libérée ils allaient immédiatement rendre public cette affaire», a ajouté l'ambassadeur d'Iran.

Clotilde Reiss, 24 ans, a été interpellée le 1er juillet alors qu'elle s'apprêtait à rentrer en France après avoir travaillé comme lectrice de français à l'université d'Ispahan pendant cinq mois. Elle est accusée d'espionnage pour avoir transmis sur Internet des photos des manifestations, d'après les autorités françaises.

Si la jeune universitaire reste emprisonnée, la Franco-Iranienne Nazak Afshar, employée de l'ambassade de France arrêtée le 6 août et qui avait comparu samedi au côté de Mlle Reiss, a été libérée mardi.

L'Elysée a annoncé la sortie de prison de cette collaboratrice du service culturel de l'ambassade de France, précisant que le président Nicolas Sarkozy, «qui avait multiplié les interventions ces derniers jours, s'est entretenu avec elle au téléphone».

M. Sarkozy souhaite que «les procédures iraniennes aboutissent au plus vite au retour de Clotilde en France, auprès de sa famille et de ses proches, ainsi qu'à la fin des poursuites contre Mme Afshar», indiquait-on de même source