L'organisation séparatiste basque armée ETA a défié dimanche le gouvernement espagnol en plaçant trois petites bombes dans des commerces de Palma de Majorque, dix jours après avoir tué deux gardes civils sur cette île du touristique archipel des Baléares.

Les bombes, de très faible puissance, ont explosé sans faire de victimes, a déclaré la préfecture des Baléares. Un appel anonyme a prévenu, au nom de l'ETA, de la présence des engins, ce qui a permis aux policiers d'évacuer les lieux, alors que la saison touristique bat son plein et que le couple royal passe l'été sur l'île.

Le 30 juillet, l'ETA avait tué deux gardes civils en faisant sauter leur voiture, ce qui avait déclenché une immense mais vaine chasse à l'homme sur l'île.

Des sources anti-terroristes citées par les médias espagnoles soupçonnent  que les deux actions ont été commises par le même commando.

«Tout indique qu'il y a un commando de l'ETA à Majorque», a déclaré le procureur du Tribunal supérieur de justice des Baléares, Bartomeu Barcelo, cité par les médias.

Par cette action, l'organisation clandestine, classée comme terroriste par l'Union européenne, a montré qu'elle était toujours présente sur l'île, et qu'elle était opérationnelle, même si les bombes étaient de très faible puissance.

Aux alentours de 11H30 (5H30 HAE), une société de taxi de la région de Saint-Sébastien, au Pays Basque (nord) a reçu un appel signalant, en espagnol et au nom de l'ETA, la présence de bombes dans plusieurs établissements de Palma de Majorque, a déclaré le gouvernement régional basque.

Une première bombe a explosé vers 14H30 dans les toilettes pour dames d'une pizzeria d'un restaurant du front de mer, faisant peu de dégâts.

Vers 16H00, une deuxième bombe, également de très faible puissance, a explosé dans un autre restaurant tout proche.

Une troisième bombe a explosé vers 18H00 dans un centre commercial de la grande place de Palma de Majorque, faisant là encore peu de dégâts, selon la préfecture.

L'ETA, qui existe depuis 50 ans, a revendiqué dans la nuit de samedi à dimanche plusieurs attentats récents, dont celui du 30 juillet.

Dans un communiqué envoyé au journal indépendantiste basque Gara, l'ETA a revendiqué ces attentats en affirmant «ne chercher à imposer aucun projet, contrairement à  ce que répètent les dirigeants espagnols. Ce qu'ETA cherche depuis de longues décennies est une solution politique et un dialogue».

Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas de négociations avec l'ETA et que l'organisation, qui a subi plusieurs revers importants ces derniers mois, serait défaite par l'action des forces de l'ordre et de la justice.

Les deux attentats à Majorque sont aussi des coups portés à l'industrie touristique, essentielle à l'économie espagnole, et déjà affaiblie par la crise économique.

De nombreux étrangers viennent séjourner sur l'archipel. En 2008, ils ont été 10 millions à y venir, dont 4 millions d'Allemands et 3,4 millions de Britanniques, qui plébiscitent l'archipel depuis des années.

L'île de Majorque est aussi le lieu de vacances de la famille royale espagnole. Le Roi Juan Carlos et le prince des Asturies Felipe ont participé samedi à la remise des prix de la 28e régate de la Coupe du roi, au club nautique de Palma de Majorque.