Le patriarche russe Kirill a appelé dimanche la Russie et l'Ukraine à éviter tout conflit armé, dans un discours à Sébastopol (Crimée, sud de l'Ukraine) qui accueille les flottes des deux ex-républiques soviétiques.

«Ma prière ardente aujourd'hui était pour que les frères ne se regardent jamais à travers une hausse, pour que les uns ne lèvent jamais la main sur les autres», a déclaré le patriarche, cité par l'agence Interfax.

«Rien ne sépare les frères autant que le sang versé», a déclaré le patriarche devant les marins des flottes russe et ukrainienne.

«En tant que patriarche de toutes les Russies je vous bénis, Russes et Ukrainiens pour une coopération pacifique», a-t-il conclu.

Après le conflit russo-géorgien en août 2008, des responsables politiques, notamment en Europe et aux États-Unis, ont exprimé la crainte que la Crimée ne soit la prochaine cible de Moscou.

La péninsule de Crimée, rattachée à l'Ukraine en 1954 par le numéro un soviétique d'alors, Nikita Khrouchtchev, est peuplée presque entièrement de russophones et le sentiment pro-russe y est très fort.

La flotte russe de la mer Noire, basée à Sébastopol aux termes d'un accord conclu par les deux pays en 1997 pour vingt ans, provoque régulièrement des tensions entre Kiev et Moscou.

Kiev insiste sur un départ des navires russes en 2017 et appelle la Russie à négocier dès à présent les conditions de ce départ, mais cette dernière fait la sourde oreille, assurant qu'il est trop tôt pour en parler.

Le patriarche Kirill effectue actuellement une visite en Ukraine perçue comme une démonstration de force de l'Eglise orthodoxe russe qui considère ce pays comme son territoire canonique. Le voyage avait été déjà marqué par des protestations nationalistes.

Après Sébastopol, Kirill devait se rendre à Rivne, dans l'ouest nationaliste et anti-russe de l'Ukraine, mais a finalement changé d'avis sur la demande de la présidence ukrainienne, a indiqué le chef de la diplomatie de l'Eglise russe Illarion.

L'administration du président ukrainien Viktor Iouchtchenko «nous a informés qu'il fallait changer d'itinéraire pour des raisons de sécurité», a déclaré Illarion à l'agence Interfax sans plus de détails.

La présidence ukrainienne était injoignable dimanche pour commentaires.

Lors d'une rencontre le 27 juillet avec M. Iouchtchenko, le patriarche s'est opposé frontalement au président ukrainien sur l'idée d'une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante, vue d'un très mauvais oeil par Moscou.