L'opposition libérale pro-européenne semblait en passe de s'imposer en Moldavie après sa victoire sur les communistes aux législatives, mais aucune majorité ne se détachait encore pour élire le futur président et sortir le pays de la crise.

«On ne peut pas encore dire qu'une coalition est formée mais des dirigeants politiques ont fait des déclarations disant qu'une coalition des quatre partis (d'opposition) pouvait être formée», a souligné le chef du Parti libéral-démocrate, Vlad Filat, au cours d'une conférence de presse.

«Après huit ans d'autoritarisme en Moldavie, un développement démocratique devient possible dans le pays. Nous espérons que le parti communiste va rejoindre l'opposition et se comporter de manière civilisée», a-t-il ajouté.

Le président moldave sortant et chef du PC, Vladimir Voronine, s'est lui dit prêt «au dialogue (...) avec toutes les forces politiques représentées au Parlement».

Il a salué la «victoire convaincante» de son parti, qui est arrivé en tête des législatives anticipées avec 45,07% des suffrages, soit 48 sièges de députés sur 101, tout en notant que «plus de la moitié des électeurs avaient accordé leur préférence à d'autres formations politiques"

Les quatre partis d'opposition cumulent les 53 sièges restants, selon des résultats préliminaires quasi-complets publiés jeudi et portant sur 98,3% des suffrages.

Le Parti libéral-démocrate remporte 16,39% des voix, soit 17 sièges, le Parti libéral 14,36% (15 élus) et l'Alliance Notre Moldavie 7,37% (huit députés). Ces trois mouvements libéraux alliés totalisent ainsi 40 députés.

Le Parti démocratique, dirigé par Marian Lupu, un ancien responsable communiste passé à l'opposition en juin et qui s'est dit prêt à s'allier aux libéraux, remporte 13 sièges avec 12,61% des suffrages.

L'appel au dialogue de M. Voronine intervient alors que les libéraux refusent toute alliance avec le PC, tandis que M. Lupu n'est prêt à collaborer avec les communistes que dans le cadre d'une grande coalition, qui n'a guère de chances de voir le jour.

Mais, même alliés, ces quatre partis n'obtiennent pas la majorité requise - 61 députés sur 101 - pour l'élection du futur président, qui joue un rôle central en Moldavie.

Les communistes ont connu le même problème après leur victoire aux législatives en avril. Faute de majorité pour élire le successeur de M. Voronine, l'assemblée a été dissoute. Le scrutin d'avril avait été suivi d'émeutes, avec le saccage du Parlement et de la présidence.

«La seule majorité qui semble envisageable c'est si les quatre partis d'opposition arrivent à débaucher des communistes et çà, je pense, seul Lupu peut le faire», commentait jeudi un diplomate occidental en poste à Chisinau.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est dite pour sa part «encouragée» par le déroulement du scrutin tout en appelant à davantage de réformes démocratiques.

Les résultats de ces législatives sont aussi déterminants pour l'orientation diplomatique de la Moldavie. Les communistes, qui s'étaient longtemps déclarés pro-européens, militent désormais pour un rapprochement avec la Russie.

Les quatre partis d'opposition sont eux partisans d'une intégration de leur pays, majoritairement roumanophone, à l'Union européenne, à l'image de la Roumanie entrée dans l'UE en 2007.

La Russie, qui souhaite voir la Moldavie rester dans sa zone d'influence, observe pour l'heure le scrutin avec circonspection, tout comme l'Europe.

Le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana, a «salué» la manière dont le scrutin s'est déroulé et invité les partis à «oeuvrer rapidement, dans un esprit de réconciliation (...) à l'élection d'un nouveau président».