La cote de confiance de Silvio Berlusconi a été entamée par les scandales entourant sa vie privée, une perte de crédibilité qui, même si elle ne profite pas à la gauche, pourrait compliquer sa rentrée politique sur fond d'aggravation de la crise économique et sociale.

L'indice de confiance des Italiens envers le chef du gouvernement est tombé à 49%, passant pour la première fois sous la barre des 50% depuis son retour au pouvoir en mai 2008, indique un sondage de l'institut IPR publié mardi par La Repubblica (gauche).

Le précédent sondage d'IPR en mai avait crédité Berlusconi d'une cote de 53%, supérieure de 4 points.

«Il est probable que le scandale des escort girls a pesé lourdement» sur la popularité du chef du gouvernement et que L'Aquila, où s'est déroulé avec succès le sommet du G8 début juillet «a peut-être freiné une hémorragie qui aurait pu être bien pire», a commenté le quotidien qui presse le Cavaliere de s'expliquer sur sa vie privée en posant chaque jour les dix mêmes questions depuis deux mois.

L'hebdomadaire du même groupe, L'Espresso, a poursuivi mardi la publication, commencée la veille, d'extraits audio d'une conversation attribuée au chef du gouvernement et à une escort girl, Patrizia D'Addario, qui affirme s'être rendue à deux reprises chez Silvio Berlusconi à Rome et y avoir passé une nuit.

Cette blonde, âgée de 42 ans, est au centre d'une enquête judiciaire - dans laquelle M. Berlusconi n'est toutefois pas mis en cause - sur des escort girls qui auraient participé, moyennant finances à des soirées chez le Cavaliere pour le compte d'un entrepreneur inculpé de corruption à Bari.

Les nouveaux extraits diffusés mardi, d'un goût encore plus douteux, concernent un dialogue présumé entre l'entrepreneur et l'escort girl qui s'inquiète de savoir si son illustre partenaire utilise des préservatifs.

Mme D'Addario a affirmé qu'elle enregistrait toujours ses conversations avec ses clients et elle a remis ces enregistrements aux magistrats chargés de l'enquête.

M. Berlusconi (72 ans) n'a pas réagi à la publication de ces enregistrements, dont le contenu était en grande parti connu, mais son avocat Niccolo Ghedini les a qualifiés d'«inventions», menaçant les médias qui les publieraient de poursuites judiciaires. Si la Repubblica livrait mardi ces extraits in extenso, tous les journaux, y compris «Il Giornale» du frère de Silvio Berlusconi, en ont publié des bribes.

Ce sondage illustre «le trouble de l'électorat» de Silvio Berlusconi face aux scandales, en particulier celui «des catholiques pratiquants, des ruraux et des personnes âgées», souligne le politologue français, spécialiste de l'Italie, Marc Lazar. «Berlusconi souffre de ses non réponses aux questions qui lui sont posées. Mais cela ne profite pas à la gauche qui est en morceaux, mais aux abstentionnistes comme l'ont montré les dernières élections européennes et locales en juin. Avec 49%, il y a quand même un Italien sur deux qui lui fait confiance. La bête est blessée mais elle n'est pas morte», relativise le politologue.

Reste que cet affaiblissement tombe au plus mauvais moment alors que les prévisions les plus sombres pèsent sur l'économie italienne faisant redouter une rentrée difficile, en particulier sur le front social.

Le produit intérieur brut (PIB) de la Péninsule devrait chuter de 5,2% en 2009 (après une baisse de 1% en 2008), selon les prévisions du gouvernement, une récession qui serait parmi les plus fortes en Europe, à l'exception de l'Allemagne.