Le premier ministre Gordon Brown a averti que l'été serait «très difficile» pour les troupes en Afghanistan, après le décès de huit soldats britanniques en 24 heures, un lourd bilan qui suscitait samedi maintes questions sur la stratégie menée depuis le début de l'intervention en 2001.

«C'est un été très difficile, ce n'est pas terminé mais il est crucial que la communauté internationale aille jusqu'au bout de son engagement», a déclaré M. Brown, alors que le Royaume-Uni a subi ses plus lourdes pertes en 24 heures en combat.Huit soldats ont été tués jeudi et vendredi dans cinq incidents distincts survenus dans la province méridionale d'Helmand où sont stationnés la majorité des quelque 9000 soldats de Sa Majesté déployés actuellement en Afghanistan. La contingent britannique, stabilisé autour de 8300 soldats, a été augmenté en prévision des élections présidentielle et provinciale du 20 août.

Quatre militaires britanniques avaient trouvé la mort dans une explosion en juin 2008 et 14 autres avaient été tués dans un accident d'avion en 2006.

L'armée britannique mène depuis le 23 juin une offensive d'envergure --opération Panchai Palang (Griffe de panthère)-- contre les talibans dans l'Helmand, leur fief.

Depuis le 1er juillet, 15 soldats britanniques ont trouvé la mort dans cette offensive lancée par les troupes internationales pour tenter de sécuriser des zones instables avant les scrutins.

Dans un courrier adressé samedi à Alan Williams, président du Comité de liaison de la Chambre des communes devant lequel il doit comparaître mardi, M. Brown a affirmé que la stratégie était «la bonne», tout en admettant que les troupes menaient «une bataille difficile et dangereuse», mais affirmant que «les opérations atteignaient leurs objectifs».

Le chef d'état-major de l'armée de l'air, Sir Jock Stirrup, a reconnu que les troupes traversaient un «moment difficile car les talibans ont à juste titre identifié l'Helmand comme un terrain d'importance vitale. S'ils perdent là alors ils perdent partout et ils y mobilisent tout ce qu'ils ont».

«Mais ils perdent et nos officiers sur le terrain sont très clairs à ce sujet. Mais cela va prendre du temps et, hélas, cela implique des pertes» en vies humaines, a-t-il expliqué.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, David Miliband, a souligné samedi sur la station de radio BBC4 que les troupes luttaient pour «l'avenir du Royaume-Uni», estimant qu'il était essentiel d'empêcher l'Afghanistan de redevenir un «incubateur du terrorisme» visant l'Occident.

Mais la stratégie adoptée en Afghanistan était mise en doute samedi par la presse britannique.

Le quotidien The Times, qui publie en Une la photo des 184 soldats britanniques tués en Afghanistan depuis 2001 --dépassant le bilan en Irak de 179 morts depuis 2003--, s'interroge: «Avons-nous eu tort de partir en guerre?»

«L'augmentation du nombre de victimes fait naître la crainte que l'Afghanistan est en train de se transformer en bourbier», écrit le journal.

Le tabloïd, The Sun, plus fort tirage du pays, souligne «la critique croissante de la façon dont la guerre est conduite». «Nous devons envoyer davantage de soldats pour que le travail soit fait et leur fournir davantage et de meilleurs hélicoptères et des véhicules plus robustes», réclame-t-il.

Un manque d'équipements que le chef du principal parti d'opposition, le conservateur David Cameron, a qualifié de «scandale». Selon lui, le gouvernement doit donner des explications sur la mission en Afghanistan.

Mais le Daily Mail et le Daily Express estiment que le gouvernement devrait envisager un retrait des troupes.