La mission parlementaire d'information sur le port de la burqa ou du niqab en France, créée fin juin pour enquêter sur ce phénomène marginal mais qui suscite des inquiétudes, a commencé ses travaux mercredi avec les auditions de deux spécialistes de l'islam.

Le député communiste André Gérin, président de la mission qui comprend 32 députés de tous bords politiques, a indiqué qu'il s'agissait de faire «un état des lieux sur le port du voile intégral et ce qu'il représente» par rapport à l'ordre public, à la liberté, la laïcité et les droits de la femme.La question du voile intégral a relancé les polémiques dans un pays très soucieux de la laïcité, et qui a fait interdire par la loi en 2004 le port du foulard islamique à l'école.

Dans un discours devant les parlementaires le 22 juin, le président Nicolas Sarkozy avait déclaré que la burqa n'était «pas la bienvenue sur le territoire de la République».

L'anthropologue Dounia Bouzar a invité les parlementaires à réfléchir aux raisons qui amènent de jeunes musulmans a «entendre» le discours radical proposé par les salafistes, qui se coupent du monde extérieur jugé impur auquel ils ne veulent pas s'intégrer.

Elle estime que «ces jeunes ne connaissent pas l'islam», lequel ne préconise pas le port du voile intégral.

«Ce serait dramatique de lier le port du voile intégral à la religion musulmane», a-t-elle, estimant qu'il fallait placer ce problème sur un «registre sécuritaire», c'est-à-dire lutter contre «tout ce qui permet de se cacher, que ce soit le voile, ou la cagoule».

Quant au philosophe Abdennour Bidar, il a évoqué une «logique d'auto-défense radicale et protestataire». Mais le port du voile est «perçu comme une violence symbolique par la majorité des gens» parce que cela exprime un «refus radical du dialogue», ajoute-t-il.

«Au nom de la liberté de conscience, on ne peut pas nous demander d'accepter n'importe quel particularisme» a-t-il résumé, tout en disant ne pas savoir s'il fallait légiférer sur le voile intégral, «si c'est le bon moyen pour éviter (sa) prolifération».

La mission va entendre d'autres spécialistes de la question et rendra son rapport à la fin de l'année.