Le président américain Barack Obama a tendu mardi la main aux Russes, leur offrant une nouvelle ère de coopération sur les ruines de la guerre froide, tout en affirmant la nécessité du respect des règles de la démocratie.

Au lendemain d'un accord avec le président russe Dmitri Medvedev sur la réduction des arsenaux nucléaires, M. Obama a poursuivi ses consultations avec son homologue, mais aussi avec le premier ministre Vladimir Poutine avant de quitter Moscou mercredi matin pour l'Italie et le sommet des pays industrialisés. Mais, plus qu'aux gouvernants, c'est à la société russe qu'il s'est adressé mardi, à la fois dans un grand discours devant la Nouvelle école économique qui forme une partie des futures élites russes, à l'occasion d'un sommet de représentants de la société civile ou encore d'une rencontre avec des dirigeants de l'opposition, pour les appeler à remettre les relations à zéro et à surmonter les vieilles conceptions d'un «jeu à tout ou rien» entre les États-Unis et la Russie.

«Cela doit être plus qu'un nouveau départ entre le Kremlin et la Maison-Blanche, même si cela aussi est important. Cela doit être un effort soutenu entre les peuples américain et russe pour identifier les intérêts communs, étendre le dialogue et la coopération et paver la voie du progrès», a-t-il déclaré devant la Nouvelle école économique.

M. Obama effectuait sa première visite de président en Russie, destinée précisément à rompre avec des tensions qui, à la fin de la présidence de George W. Bush, ont renvoyé aux décennies de paix armée entre les deux puissances.

Dans ce discours exposant sa vision de l'avenir devant les représentants de la «dernière génération née quand le monde était divisé», M. Obama s'est livré à un exercice délicat.

Il a exprimé son «profond respect pour l'héritage immémorial de la Russie», cité Pouchkine, exalté le sacrifice soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, et s'est employé à ne pas prêter le flanc au reproche souvent fait en Russie aux Américains de se poser en donneurs de leçons.

Mais il a aussi entendu ceux qui le pressaient de ne pas occulter les sujets qui fâchent : il a appelé au respect des règles de la démocratie, il a pressé le gouvernement russe de combattre la corruption dans l'économie et de respecter la souveraineté des anciennes républiques de l'URSS comme la Géorgie et l'Ukraine.

«La courbe de l'histoire nous montre que les gouvernements qui sont au service du peuple survivent et prospèrent, pas les gouvernements qui ne sont au service que de leur propre puissance», a-t-il dit.

Mais «que les choses soient claires dès le départ : l'Amérique veut une Russie qui soit forte, pacifique et prospère», a-t-il dit.

Il a exposé la multitude des intérêts communs. Il a appelé une Russie jusqu'alors réticente à s'allier aux efforts américains face aux défis nucléaires iranien et nord-coréen.

Tous «ces défis réclament un partenariat mondial, et ce partenariat sera plus fort si la Russie occupe le rang de grande puissance qui doit être le sien», a-t-il dit.

Il a opposé cette vision à celle du XXe siècle dans laquelle «les États-Unis et la Russie (étaient) voués à être antagonistes», ou à celle du XIXe siècle dans laquelle ils étaient condamnés à «rivaliser pour des sphères d'influence».

Remettre les relations à zéro «ne sera pas facile», a-t-il convenu.

Mais «le temps où des empires pouvaient manipuler des États souverains comme les pièces d'un jeu d'échecs sont révolus», comme quand Roosevelt, Churchill et Staline pouvaient redessiner le monde en une rencontre, a-t-il dit.