Le pape Benoît XVI réclame la création d'une «autorité politique mondiale» pour «assainir les économies frappées par la crise» et souligne l'urgence d'une réforme de l'ONU, dans sa première encyclique sociale publiée mardi.

Le souverain pontife insiste sur «l'urgence de la réforme de l'Organisation des Nations Unies comme celle de l'architecture économique et financière internationale» dans ce texte de 150 pages intitulé Caritas in veritate qui fait le tour des questions posées à la société actuelle.

«Face au développement irrésistible de l'interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d'une récession également mondiale, l'urgence de la réforme de l'Organisation des Nations Unies comme celle de l'architecture économique et financière internationale (...) trouve un large écho», écrit Benoît XVI.

«Pour gouverner l'économie mondiale, assainir les économies frappées par la crise, prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres», il «est urgent que soit mise en place une véritable +Autorité politique mondiale+», indique-t-il dans cette communication aux évêques et, par leur intermédiaire, à l'ensemble des catholiques.

Cette instance, qui constituerait «un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation», devrait aussi «procéder à un souhaitable désarmement intégral, parvenir à la sécurité alimentaire, assurer la protection de l'environnement et réguler les flux migratoires», estime-t-il.

Elle devrait, affirme Benoît XVI «être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité (et) être ordonnée à la réalisation du bien commun».

Il faudrait également qu'elle soit «reconnue par tous» et «jouisse d'un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits».

Elle possèderait enfin «la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties», de même que «les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux».

Dans son encyclique, le pape dénonce l'idée d'un contrôle des naissances qui va jusqu'à «imposer l'avortement».

«Considérer l'augmentation de la population comme la cause première du sous-développement est incorrect, même du point de vue économique», écrit le pape défendant une nouvelle fois la conception chrétienne de la famille et de la procréation.

«Il suffit de penser d'une part à l'importante diminution de la mortalité infantile et à l'allongement moyen de la vie qu'on enregistre dans les pays économiquement développés, et d'autre part, aux signes de crises qu'on relève dans les sociétés où l'on enregistre une baisse préoccupante de la natalité», poursuit Benoît XVI.

Il appelle dans ce contexte à une «procréation responsable qui constitue, entre autres, une contribution efficace au développement humain intégral» et où la sexualité ne peut pas se réduire «à un pur fait hédoniste et ludique».