Dix policiers tchétchènes ont été tués samedi dans une attaque à l'arme à feu et à la grenade en Ingouchie voisine, république du Caucase russe qui s'enlise dans la violence et dont le président grièvement blessé dans un attentat fin juin reste hospitalisé.

Un convoi de six véhicules de la police, circulant sur une route d'Ingouchie, a été attaqué vers 01H30 HAE par des individus non identifiés et l'un des véhicules a pris feu, a indiqué à l'AFP une source des forces de sécurité ingouches.

«55 policiers rentraient d'une opération commune avec des collègues ingouches contre la rébellion quand leur convoi a été pris sous le feu (de tirs). 10 ont été tués et 10 blessés», a précisé la même source.

Le parquet de Russie a fait état de 9 policiers morts et de 10 blessés dans cette attaque qui a eu lieu dans le district de Sounja, à l'est de Nazran, principale ville ingouche.

«Le convoi est tombé dans une embuscade bien montée. On leur a tiré dessus depuis trois endroits en utilisant des fusils automatiques, des mitrailleuses et des lance-grenades», a indiqué un responsable du ministère ingouche de l'Intérieur cité par l'agence Ria Novosti.

Dans une attaque séparée, un ex-responsable de la police à Nazran a été blessé samedi à la tête et aux jambes par des inconnus lorsqu'il rentrait en voiture chez lui, a rapporté l'agence Ria Novosti.

L'inquiétude s'est accrue ces dernières semaines quant à la stabilité de l'Ingouchie, l'une des régions les plus violentes de Russie. Le président de cette république, Iounous-Bek Evkourov, a été grièvement blessé le 22 juin dans un attentat suicide à la voiture piégée qui a visé son cortège.

L'attaque avait été revendiquée par un groupuscule islamiste lié à la guérilla qui mine plusieurs républiques du Caucase russe. Cette rébellion aux contours mal définis a multiplié les attaques ces dernières semaines dans le Caucase, tuant notamment le ministre de l'Intérieur de la république caucasienne du Daguestan.

L'attentat en Ingouchie est l'un des plus sanglants dans la région depuis que Moscou a mis un terme en avril à son opération anti-terroriste en Tchétchénie, théâtre de deux guerres séparatistes depuis la chute du communisme.

Le fait que les victimes soient des tchétchènes est d'autant plus significatif que le président de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov tente de s'imposer comme l'homme fort de la région après l'attentat contre M. Evkourov.

«Tous ceux qui sont impliqués vont le regretter (...) Ils seront éliminés», a déclaré M. Kadyrov.

Des renforts ont été envoyés depuis Grozny, capitale tchétchène, dans le district ingouche de Sounja pour y mener «une opération d'envergure et liquider les rebelles», a indiqué le ministre russe de l'Intérieur Rachid Nourgaliev cité par l'agence Ria Novosti.

Les autorités ont annoncé vendredi que le président ingouche Evkourov avait repris connaissance après environ deux semaines de coma.

Le Kremlin a nommé le premier ministre local Rachid Gaïssanov pour le remplacer jusqu'à ce qu'il se rétablisse alors que M. Kadyrov et l'ancien président ingouche Rouslan Aouchev ont montré leur intérêt pour remplir le vide de pouvoir.

La perspective de voir Kadyrov, connu par ses méthodes controversées, diriger les opérations en Ingouchie a fait grincer des dents dans cette république.

L'ONG américaine Human Rights Watch a accusé jeudi les autorités tchétchènes de punir les proches de combattants rebelles en brûlant leurs maisons, une pratique qui s'est banalisée en Tchétchénie depuis 2008.