«Je vois ma fille, je suis heureux»: le père de Bahia, unique rescapée de l'Airbus A310 de Yemenia accidenté mardi aux Comores, a dit son bonheur et son émotion jeudi en l'accueillant en France, pleurant sa compagne disparue dans le crash.

«J'ai parlé avec elle, elle va bien», a dit à la presse Kassim Bakari d'une voix à peine audible, submergé par l'émotion après l'arrivée de la jeune Franco-comorienne de 12 ans à l'aéroport du Bourget, près de Paris. La jeune fille, qui habite la région parisienne, a été rapatriée jeudi dans l'avion du secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, qui s'était rendu sur place après la catastrophe.

Kassim Bakari a souligné être «très, très reconnaissant» envers les sauveteurs qui ont récupéré sa fille vivante, alors qu'elle s'aggripait depuis plusieurs heures à des débris de l'avion, tombé en mer dans la nuit de lundi à mardi à quelques kilomètres de l'aéroport de Moroni où il devait atterrir.

«Cela restera dans ma mémoire,» a-t-il ajouté, entouré de membres de sa famille. Il a cependant souligné être «partagé entre le soulagement et le chagrin» en retrouvant Bahia, car «il y a aussi sa mère», qui faisait partie des 153 personnes à bord de l'Airbus. Bahia n'a appris que mercredi matin la disparition de sa mère.

Kassim Bakari a indiqué ne pas avoir posé de questions sur la catastrophe à sa fille: «c'est trop tôt», a-t-il dit.

L'adolescente, le visage tuméfié, affaiblie, a fait le voyage sous perfusion à l'arrière de l'avion sous la surveillance d'une équipe médicale, selon un photographe de l'AFP.

Souffrant d'une fracture de la clavicule et de brûlures au genou, elle a été transportée sur un brancard. Une ambulance l'attendait à sa descente d'avion, et l'a emmenée à hôpital Trousseau, un des principaux hôpitaux pour enfants de la capitale. Admise dans un service d'urgences, elle devait subir un bilan de santé complet, a-t-on appris auprès de l'hôpital.

«Elle a vraiment besoin de se reposer. On la laisse avec sa famille se reconstruire», a déclaré M. Joyandet, soulignant que le sauvetage de la jeune fille était «un miracle».

«Quand elle est montée dans l'avion (qui devait la ramener en France, ndlr), on a senti qu'elle se sentait en sécurité. Elle n'a pas eu peur», a raconté le secrétaire d'État.

Durant le voyage, l'adolescente a évoqué l'accident. Elle a raconté que «des consignes ont été données, elle a senti comme de l'électricité puis un grand bruit et elle s'est retrouvée à l'eau», a rapporté Alain Joyandet.

Durant le voyage, l'adolescente «a eu faim», a-t-il dit. «Elle a mangé quelques bouchées de lasagnes et un peu de papaye», selon le secrétaire d'État qui, dans un large sourire, a ajouté que la jeune fille lui avait adressé un «merci monsieur le premier ministre». «Je ne sais pas si elle blaguait», a-t-il ajouté dans un sourire.

La jeune fille avait embarqué lundi avec sa mère à Marseille (sud-est), où une importante communauté comorienne est implantée, pour ses vacances d'été. Elle aura 13 ans le mois prochain.