Le Parti démocratique du premier ministre albanais, Sali Berisha, s'est proclamé mercredi vainqueur des élections législatives de dimanche, une annonce aussitôt contestée par l'opposition socialiste qui a crié à la fraude électorale.

«Le Parti démocratique (PD) et l'Alliance pour le changement (la coalition autour du PD) ont remporté les élections législatives de dimanche. Ce Parti dispose d'ores et déjà d'un deuxième mandat pour les quatre prochaines années», a déclaré la porte-parole du Parti démocratique, Majlinda Bregu, lors d'une conférence de presse à Tirana.

«Nous invitons les commissions électorales à achever le décompte des voix et à donner les résultats officiels qui vont confirmer la victoire du Parti démocratique», a ajouté Mme Bregu.

S'exprimant à la suite d'une réunion de son gouvernement en début de soirée, M. Berisha s'est montré bien plus prudent et a nuancé fortement la proclamation de victoire du PD, en déclarant «attendre les résultats officielle de la commission électorale centrale».

«L'Albanie ne pourra pas avoir un gouvernement avant début septembre, car le nouveau Parlement ne peut pas se constituer» avant que la législature sortante ait fini son mandat, a-t-il ajouté.

«Nous allons poursuivre les réformes jusqu'à la formation du nouveau gouvernement», a poursuivi M. Berisha en se félicitant toutefois que les électeurs albanais aient accordé leur confiance à la coalition autour du Parti démocratique.

Les résultats partiels rendus publics jusqu'ici indiquent un score très serré entre le PD et le PS.

Le maire de Tirana, Edi Rama, qui mène la coalition de l'opposition socialiste, a pour sa part adopté un ton très offensif après la proclamation de victoire du Parti démocratique.

«Le processus du dépouillement est en train de dégénérer d'heure en heure», a-t-il dit devant les journalistes en fin de journée.

«Aucune force, a ajouté M. Rama, ne peut renverser ce que le peuple a décidé le 28 juin».

Selon lui, «la volonté déjà affichée» par l'électorat montre que Sali «Berisha n'est plus premier ministre».

«Malgré les intimidations et les fraudes, nous allons nous battre jusqu'au bout pour que les résultats de notre victoire soient révélés en plein jour», a-t-il poursuivi, promettant d'avoir recours à «toutes les voies légales» pour ce faire.

Le président de la Commission électorale centrale, Leonard Olli, avait mis en garde dans la journée contre toute annonce précipitée de victoire.

«On ne peut pas proclamer la victoire tant qu'il y a encore des voix à dépouiller, tant que le dernier suffrage n'a pas été comptabilisé», a-t-il déclaré à l'AFP.

M. Olli a rappelé que le décompte des voix était bloqué dans 40 à 50 bureaux de vote, en raison de contestations diverses entre la coalition au pouvoir et les socialistes, entraînant des refus de décompte de voix ou de signatures de procès-verbaux.

Le Parti démocratique et les socialistes se rejettent la responsabilité de ce blocage des bureaux de vote.

M. Olli n'a pas avancé de délai pour l'annonce des résultats définitifs.

Le président de la Commission électorale centrale avait indiqué en début d'après-midi que 98,2% des voix avaient déjà été dépouillés.

Les résultats donnaient alors, selon M. Olli, 46,81% des voix pour la coalition au pouvoir, contre 45,42% à la coalition socialiste.

Le Parti socialiste pour l'intégration (LSI, centre-gauche), de l'ancien premier ministre Ilir Meta, recueillait pour sa part 5,59% des voix, ce qui pourrait le placer dans une position d'arbitre, en cas d'enlisement électoral.