La chancelière Angela Merkel, qui brigue un second mandat à la tête d'une Allemagne frappée par une récession sans précédent, a lancé lundi la campagne des conservateurs pour les législatives de septembre avec un programme recentré.

Devant 750 délégués de son parti, l'Union démocrate-chrétienne (CDU), et de son alliée bavaroise de l'Union chrétienne-sociale (CSU) réunis à Berlin, Mme Merkel a fixé la «mission» du prochain gouvernement qu'elle espère diriger: «que l'Allemagne sorte de cette crise plus forte qu'avant la crise».

«Nous devons tout faire pour qu'une telle crise ne se reproduise jamais», a insisté celle qui souhaite, en cas de victoire le 27 septembre, former une coalition avec les Libéraux (FDP) et non plus avec les sociaux-démocrates (SPD) comme elle le fait depuis 2005.

Tous les sondages la donnent largement en tête. Malgré la crise, elle est d'ailleurs l'un des chefs de gouvernement les plus populaires de l'Après-guerre en Europe. Reste à savoir si son camp disposera d'une avance suffisante pour former une majorité stable avec le FDP.

Dans un discours aux accents mobilisateurs, Angela Merkel, 54 ans, a assuré que les conservateurs «avaient la force» de sortir l'Allemagne de cette crise.

«Nous avons la force, ensemble pour notre pays» sera d'ailleurs le slogan de campagne de la droite.

Première économie européenne, l'Allemagne connaît sa pire récession depuis la Guerre, avec un recul du Produit intérieur brut (PIB) de 6% attendu cette année.

Tous les indicateurs sont au rouge. Le chômage devrait dépasser la barre psychologique des 4 millions l'an prochain et le déficit public flirter avec les 6% du PIB en 2010.

Et les plans de relance, qui totalisent quelque 70 milliards d'euros (112 milliards de dollars), ne feront pas sentir leurs effets d'ici les élections.

Pour sortir le pays de l'ornière, la chancelière a réaffirmé son attachement à l'économie sociale de marché, fondement de l'Allemagne de l'après-guerre et à qui on attribue généralement le «miracle économique» des années 50 à 80.

Ce modèle se présente comme une voie médiane entre le libéralisme pur et le socialisme, prônant un développement de l'économie de marché avec des garde-fous pour maintenir la justice sociale.

«Si l'économie sociale de marché était bien ancrée partout dans le monde, nous n'aurions pas vécu cette crise», a lancé la chancelière, qui a souvent mis en cause ce qu'elle voit comme une dérive du modèle anglo-saxon. «L'économie sociale de marché doit être un modèle qui s'exporte».

Mme Merkel a donc définitivement abandonné des thèses libérales auxquelles elle s'était montrée particulièrement sensible en 2005, elle qui a grandi en RDA communiste.

Surnommée «la Margaret Thatcher de l'Allemagne» durant la campagne 2005, «Angie» revendique désormais son ancrage au centre.

En 2005, la CDU avait basé son programme économique sur une augmentation de la TVA, ce qui lui avait valu de perdre peu à peu la large avance dont elle disposait dans les sondages.

La droite prévoit cette fois-ci des baisses d'impôt de l'ordre de 15 milliards d'euros (24 milliards de dollars). Elles passeront par une réduction en deux étapes du taux d'imposition des plus faibles revenus soumis à l'impôt, de 14% actuellement à 12%. Le plafond de revenus à partir duquel le taux d'imposition maximum s'applique devrait en outre être relevé.

Mais aucune date n'a été fixée pour l'entrée en vigueur de telles mesures, qui risquent d'être difficiles à appliquer en raison du déficit public abyssal attendu.

En pleine déroute, les sociaux-démocrates, emmenés par le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, ont de leur côté présenté un programme électoral prévoyant des hausses d'impôts pour les plus riches.

Le candidat Steinmeier a d'ailleurs vivement épinglé lundi le programme fiscal de ses adversaires conservateurs.

L'Allemagne, a-t-il souligné, s'est endettée «à la limite du raisonnable» pour faire face à la crise. Il faut «désormais dire la vérité aux gens» et entamer un processus de réduction de la dette. En conséquence, «je ne vois aucune marge de manoeuvre pour baisser les impôts», a souligné le candidat de gauche à la chancellerie.