Les électeurs italiens n'ont pas tenu rigueur à Silvio Berlusconi de la crise économique ou des scandales à répétition qui le visent, donnant à son parti du Peuple de Liberté (PDL) la victoire aux élections provinciales et municipales.

Sur les 62 provinces appelées à voter, dont trois nouvellement créées, le PDL (centre-droit) est passé de 9 en 2004 à 34 à l'issue des deux tours, selon les chiffres officiels publiés mardi.

Pour les municipales, où l'on renouvelait les élus de plus de 4.000 communes, dont 30 grandes villes, le PDL a remporté 14 de ces dernières (+ 9 par rapport à 2004).

 «La gauche a enregistré une nouvelle retentissante défaite», a claironné Silvio Berlusconi à l'annonce des résultats. Il a remercié les électeurs d'avoir ignoré «les déformations médiatiques et les attaques subversives (...) visant le président du Conseil et son gouvernement».

«Avant ces élections, le PDL gouvernait 5 millions de personnes dans ces provinces. Aujourd'hui, il en gouverne 21 millions», a-t-il ajouté.

 «Berlusconi a vaincu l'opposition des cancans», titre mardi le quotidien italiens La Stampa, une allusion à la série de scandales qui a visé le Premier ministre depuis plusieurs semaines.

En moins de quelques semaines, Silvio Berlusconi a du affronter l'ire de sa femme qui a demandé le divorce «parce qu'il fréquentait des mineures», des informations de presse et des photos sur des fêtes dénudées dans sa villa de Sardaigne et l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation par ses invités des avions du gouvernement.

Pour le Parti Démocrate (PD) du centre-gauche le recul est général mais surtout marqué dans le nord industriel de la Péninsule. Le PD qui se maintient à Turin a perdu notamment la province de Milan qu'il avait conquis il y a 5 ans, mais aussi celle de Venise.

Dés le premier tour (les 7 et 8 juin) la défaite du centre-gauche s'annoncait si retentissante que le PD a poussé un soupir de soulagement en constatant qu'il réussissait à maintenir ses candidats dans ses fiefs traditionnels de Bologne, Florence, Ancône et Padoue.

Dario Franceschini, secrétaire du PD, a affirmé qu'il «s'agissait d'un résultat inespéré» car, a-t-il expliqué, «ceux qui ne sont pas allés voter ont choisi de donner un signal clair au gouvernement». Cela signifie que «le déclin de la droite a commencé», a-t-il ajouté.

L'abstention (38,7% aux municipales et 64% aux provinciales) a été très élevée pour l'Italie.

Un référendum d'initiative populaire destiné à changer la loi électorale et organisé en même temps que les autres scrutins n'a même pas réussi à mobiliser le quart des électeurs alors qu'il aurait fallu que la moitié des inscrits expriment leur vote.

Jamais dans le passé un referendum n'avait autant été snobé par les électeurs.

Même si les élections provinciales et communales ne comportent pas les enjeux nationaux des législatives, Silvio Berlusconi avait fortement personnalisé le scrutin en dénonçant au cours de multiples meetings les attaques «ordurières» contre sa personne et les menées «subversives» d'une partie des juges contre le gouvernement.

Son parti n'a pas été sanctionné dans les urnes mais «c'est l'abstention qui a gagné», écrit le Corriere della Sera.

 «Les thématiques proposées et le monde de la politique apparaissent toujours plus éloignés des électeurs», conclut dans son éditorial le principal quotidien de la Péninsule.