L'Union européenne a jugé lundi «infondées et inacceptables» les accusations d'ingérence dans l'élection présidentielle iranienne tandis que Londres décidait de rapatrier les familles de ses diplomates et déconseillait, comme Rome et Berlin, les voyages en Iran.

«Tous les pays de l'Union européenne sont évidemment unis face aux accusations portées contre certains pays en particulier et les tentatives de singulariser l'attitude de certains face à l'Iran», a indiqué la présidence tchèque dans un communiqué.

A Washington lundi, le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a estimé qu'il était évident après les scènes de violences qui ont eu lieu en Iran au cours du week-end que «la justice n'avait pas été respectée».

«On a vu la violence augmenter sensiblement», a dit M. Gibbs, ajoutant que le président Obama avait été ému par le courage des manifestants et en particulier par la passion des femmes défendant leur liberté d'expression.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé de son côté «la fin immédiate des arrestations, des menaces et de l'usage de la force» et réitèré «l'espoir que la volonté démocratique du peuple iranien sera pleinement respectée», selon un communiqué de son service de presse.

Il a appellé les autorités «à respecter les droits civiques et politiques fondamentaux, en particulier les libertés d'expression, de rassemblement et d'information», indique encore le communiqué.

Pour sa part, le Premier ministre canadien Stephen Harper a appelé Téhéran à remettre en liberté tous les prisonniers politiques et journalistes, y compris canadiens, et jugé «inacceptable» le recours à «la brutalité et à l'intimidation» contre les manifestants.

L'UE appelle également les autorités iraniennes à «régler la crise par un dialogue démocratique et des moyens pacifiques», et à éviter «les arrestations arbitraires massives». Elle dit aussi «condamner fermement toutes les restrictions imposés aux médias et aux journalistes».

La présidence tchèque avait convoqué plus tôt à Prague le chargé d'affaires iranien pour rejeter ces accusations d'«ingérence», et a appelé les autres pays de l'UE à faire de même.

Le gouvernement allemand a ainsi «invité» lundi l'ambassadeur d'Iran à Berlin à venir s'expliquer au ministère des Affaires étrangères.

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, dont le pays prendra la présidence de l'UE le 1er juillet, a aussi jugé que l'Iran devait respecter «le droit de manifester pacifiquement», ajoutant que la force meurtrière était «intolérable» dans tout pays.

Dans la ligne de mire de Téhéran et face à la poursuite de la violence en Iran, la Grande-Bretagne a annoncé lundi le retrait des «familles du personnel d'ambassade jusqu'à ce que la situation s'améliore».

«Nous ne rapatrions pas le personnel de l'ambassade, et nous espérons que leurs familles pourront revenir le plus tôt possible», a indiqué le Foreign Office.

«Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de réduire le personnel à ce stade, cependant nous continuons de surveiller la situation avec la plus grande vigilance».

Londres a conseillé également à ses ressortissants de reporter les voyages non essentiels en Iran.

Rome a adressé aux Italiens le même conseil tandis que Berlin appelait ses ressortissants à «vérifier les possibilités qu'ils ont de repousser leurs voyages en Iran».

Téhéran a connu samedi un déchaînement de violence au cours duequel au moins dix personnes ont été tuées et plus de 100 blessées, selon la télévision d'Etat, portant à au moins 17 le nombre de morts dans la capitale depuis le début des troubles.

«D'autres actes de violence peuvent se produire. Certains moyens de communication au niveau national et vers l'international ont été perturbés, par exemple les sms, le réseau de téléphonie mobile et d'internet», a averti le Foreign Office.

Par ailleurs, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré lundi à la télévision qu'il devait «considérer que l'Iran avait décliné l'invitation» à se rendre au G8 des Affaires étrangères de Trieste (nord-est de l'Italie) en l'absence de réponse de ce pays.

«Il y a des règles dans la diplomatie internationale. Quand quelqu'un est invité, cette personne doit répondre. Nous ne pouvons pas rester la main tendue pendant une éternité», a déclaré M. Frattini.

Une partie de cette réunion du G8 qui se termine samedi est consacrée à la stabilisation de l'Afghanistan et l'Iran y a été invité en tant que voisin de l'Afghanistan.