Le meurtre du banquier français Édouard Stern, tiré à bout portant par son amante en février 2005 lors d'une séance de jeux sadomasochistes, n'était pas un «crime passionnel».

Le jury genevois chargé de juger Cécile Brossard en cour d'assises a écarté hier, après huit heures de délibéré, la qualification demandé par les avocats de la défense en vue de limiter la durée de la période de détention de la femme de 40 ans.Elle s'expose désormais à une peine d'emprisonnement maximale de 20 ans. Une décision sera rendue à ce sujet après un ultime réquisitoire des parties au dossier.

Dans le code pénal suisse, un «crime passionnel» survient lorsque son auteur est «en proie à une émotion violente que les circonstances rendent excusable».

Selon les jurés, l'accusée était bel et bien dans un état de profond désarroi parce que son amant n'a cessé, pendant toute la durée de leur relation, de se montrer «humiliant» et «cruel», multipliant à la fois les déclarations amoureuses et les manifestations de mépris.

Elle est cependant en partie responsable de cet état de détresse car elle est demeurée dans la relation malgré son caractère «destructeur».

Son geste n'était par ailleurs pas excusable parce qu'elle aurait pu «partir ou crier» au lieu de donner la mort au banquier, qui portait un costume de latex couleur chair au moment du drame.

Les jurés ont aussi évoqué, à l'appui de leur décision, le caractère «cynique» et «manipulateur» manifesté par l'accusée dans les jours suivant le meurtre. Elle a menti à plusieurs proches, tentant même de faire débloquer une somme d'un million de dollars qu'Édouard Stern avait placée sur un compte à son intention.

La tension entre les deux amants avait été poussée au paroxysme par ce versement, que Cécile Brossard réclamait comme un gage d'amour.

Après s'être fait tirer l'oreille, le banquier avait accepté de procéder. Il s'était révisé quelques jours plus tard en faisant mettre le compte sous séquestre. Le soir du meurtre, il a lancé à son amante qu'un million, c'était «cher payé pour une pute», suscitant sa colère.

L'avocat de la famille d'Édouard Stern avait soutenu lors de sa plaidoirie finale que le banquier avait été victime d'un «meurtre de haine» motivé strictement par la cupidité de l'accusée.

La défense avait plutôt cherché de son côté à jeter le blâme sur Édouard Stern, le présentant comme un «pervers narcissique» qui maltraitait Cécile Brossard et la pourchassait chaque fois qu'elle cherchait à rompre.