L'avocat de la famille d'Edouard Stern, banquier abattu de quatre balles à bout portant le 28 février 2005 lors d'ébats sado-masochistes, a décrit mardi matin l'accusée Cécile Brossard comme une «femme vénéneuse» qui a poussé son amant au désespoir par pur intérêt.

Cécile Brossard c'est «l'ingénieuse, non pas l'ingénue», a déclaré Me Marc Bonnant devant la Cour d'assises de Genève qui tient son cinquième jour d'audience.

L'avocat s'est attaché, dans une plaidoirie d'une grande intensité dramatique, à démontrer «l'incroyable duplicité» de la maîtresse du richissime banquier. «Menteuse, calculatrice, organisatrice», a dit le défenseur des enfants d'Edouard Stern, stigmatisant une «âme sèche, cynique, organisée».

Il a rappelé qu'Edouard Stern n'a versé un million de dollars qu'après plusieurs ruptures ou menaces de rupture et seulement lorsque Cécile Brossard a promis de le lui restituer comme «preuve ultime d'être aimé pour lui et rien que pour lui».

 «Votre crime est nu: c'est le million, la haine, la vengeance, la domination», a-t-il jeté à l'accusée, étonnamment stoïque sous l'orage.

 «Ce million, c'est le seul sujet. Ce million est central (...) Le million ! Le million ! Le million !», a martelé Me Bonnant.

L'autre avocat de la famille Stern, Me Catherine Chirazi, a ensuite livré aux jurés de Genève un cours de droit sur la notion de «crime passionnel», pour déminer le terrain sur lequel campe la défense de Cécile Brossard.

S'il est retenu, le «crime passionnel», au terme du Code pénal du canton de Genève, est passible d'une peine minimum d'un an et d'un maximum de dix ans de prison. Sans cette circonstance atténuante, un meurtrier encourt une peine d'emprisonnement de cinq à vingt ans.

   «La jurisprudence est très exigeante» pour retenir le crime passionnel, a prévenu Me Chirazi pour qui Cécile était mue par «une seule obsession: l'argent».

   La parole devait être donnée mardi après-midi au procureur général Daniel Zappelli et aux défenseurs de Cécile Brossard, Mes Pascal Maurer et Alec Reymond. Pour la défense, leur cliente a été poussée au désespoir par un amant pervers qui jouait avec elle «comme le chat avec la souris».