Le procès de la meurtrière du banquier français Edouard Stern s'est ouvert mercredi matin devant la cour d'assises de Genève en présence d'un nombreux public et de dizaines de journalistes. Cécile Brossard, 40 ans, qui comparaît pour meurtre jusqu'au 19 juin prochain, a demandé pardon à l'ex-femme de son ancien amant et à leurs enfants.

«Je voudrais demander pardon à Mme Stern et à ses enfants. Je sais que c'est faire une offense, car on ne peut pas pardonner une chose aussi abominable. J'ai le coeur plein de remords», a dit l'accusée en larmes devant la cour. «J'ai demandé à Mme Stern si ma mort la soulagerait, elle m'a répondu que non».Vêtue de bleu foncé, les cheveux noués en chignon, elle a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une question d'argent, mais d'amour. «Je ne veux pas que ce procès salisse sa mémoire; Edouard Stern n'était pas un homme abominable, mais le plus merveilleux des hommes».

Le 28 février 2005, la Française avait abattu de quatre balles après une relation sexuelle Edouard Stern, 50 ans, 38e fortune de France. Son corps avait été retrouvé vêtu d'une combinaison de latex. Un litige portant sur un million de dollars que Stern aurait promis à Brossard avant de se raviser divisait les deux amants. Lors d'une dispute le jour du drame, le banquier, affirme-t-elle, lui aurait lancé: «Un million de dollars, c'est cher pour une pute». La jeune femme aurait alors vu rouge.

Le procès a attiré un nombreux public et des dizaines de journalistes suisses et français. Deux des trois enfants aujourd'hui adultes de la victime, Louis et Mathilde, partie civile, ont assisté à l'audience. A leur demande, ils ont été entendus à huis clos mercredi matin par la Cour.

Leur mère, Béatrice David-Weill, a également apporté son témoignage. «J'ai aimé Edouard Stern et je continue à l'aimer», a-t-elle déclaré. Elle a expliqué que le banquier était resté très proche de ses enfants après le divorce en 1999 et qu'il leur manquait beaucoup. «Il a toujours été extrêmement présent. Il était exigeant, mais il leur apprenait ses valeurs».

L'ex-épouse a aussi souligné que son ancien mari était très gentil, mais parfois colérique. Soupe au lait, il explosait mais cela ne durait jamais longtemps. Il ne s'est jamais montré méprisant et était au contraire toujours très respectueux. «On a appris par la presse comment il était décédé. Cela a rajouté de la douleur et cela a été un choc», a aussi déclaré Béatrice David-Weill.

Les enquêteurs ont également été appelés à la barre. Ils ont rapporté comment Cécile Brossard a rapidement été dans leur collimateur. Entendue à plusieurs reprises par la police, l'accusée a donné quatre versions différentes, niant au départ toute implication dans le meurtre de son ancien amant.

Elle avait été arrêtée deux semaines après le meurtre et était finalement passée aux aveux au terme d'une journée entière d'audition. Incarcérée depuis 2005, elle a tenté de mettre fin à ses jours en se coupant les veines avec une lame de rasoir.

La défense plaide le meurtre passionnel, crime passible de dix ans de réclusion au maximum. Le ministère public et la partie civile parlent de meurtre, dont la peine maximale est de 20 ans de réclusion.

Des dizaines de témoins, dont de nombreuses personnalités françaises, sont convoquées pour ce procès. Le verdict sera rendu ultérieurement.