Le président Nicolas Sarkozy a condamné mercredi, devant le chef de la diplomatie iranienne, la nouvelle sortie du président iranien Mahmoud Ahmadinejad niant la Shoah, et il a menacé l'Iran de nouvelles sanctions s'il refuse de coopérer sur son programme nucléaire.

Lors d'un entretien d'une heure au palais de l'Elysée avec le ministre iranien des Affaires étrangères Manoucher Mottaki, le président français a d'abord condamné les propos niant la Shoah tenus quelques heures plus tôt par le chef de l'Etat iranien, les jugeant «inadmissibles» et «profondément choquants», selon un communiqué.

Devant son hôte, il a également dénoncé ses «attaques verbales outrancières contre l'Etat d'Israël», a ajouté la présidence.

Dans des propos rapportés mercredi sur le site internet de la télévision iranienne, M. Ahmadinejad s'en est une nouvelle fois pris à Israël en qualifiant l'Holocauste de «grosse tromperie».

Nicolas Sarkozy a répété les «profondes préoccupations» de la France «vis-à-vis des activités (nucléaires) proliférantes de l'Iran» et «réitéré (sa) volonté de contribuer à une solution dans le cadre d'une négociation entre l'Iran et les 'Six'« (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, avec le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana), selon le communiqué.

Le président français a une nouvelle fois appelé Téhéran à s'engager dans la dialogue proposé par les «Six». «A défaut, l'Iran s'exposera à un isolement international toujours croissant sur tous les plans», a-t-il mis en garde.

Le communiqué de l'Elysée n'a pas fait mention des propos tenus par le ministre iranien des Affaires étrangères, qui avait sollicité cet entretien.

Interrogé plus tard en marge d'une réception au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui participait à l'entretien de l'Elysée, s'est contenter d'indiquer à l'AFP que la discussion avait été «sans surprise». Plus tôt dans la journée, il avait pronostiqué qu'une ouverture iranienne sur le nucléaire serait un «miracle».

Après avoir quitté le président français, M. Mottaki a poursuivi les discussions pendant deux heures et demie, à l'Elysée, avec des conseillers de la présidence et du Quai d'Orsay.

A leur terme, la présidence française a jugé les échanges franco-iraniens «très utiles». Ils ont permis à M. Sarkozy de souligner que l'arrivée sur la scène internationale du président américain Barack Obama constituait «un changement positif», «presque une dernière chance de négocier» qu'il fallait «saisir», a-t-on commenté à l'Elysée.

M. Obama a déclaré récemment que les Etats-Unis se donnaient d'ici à la fin de l'année pour juger de la volonté ou pas de l'Iran d'engager le dialogue sur son programme nucléaire.

Selon une source élyséenne, les Iraniens ont fait savoir qu'ils peaufinaient des «contre-propositions» à l'offre de dialogue des Six. «Dépêchez-vous car le temps est compté», leur a répété Nicolas Sarkozy, cité par cette source.

L'entretien de mercredi soir est le premier de M. Sarkozy avec un responsable iranien de haut rang depuis son élection en 2007. Il est intervenu alors que les Six, qui soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique, ont proposé à Téhéran de relancer leurs discussions pour obtenir la suspension de ses activités d'enrichissement nucléaire.

Le président Ahmadinejad, qui brigue un deuxième mandat lors du scrutin présidentiel du 12 juin, leur a opposé la semaine dernière une fin de non-recevoir, indiquant qu'il ne discuterait pas du dossier nucléaire (iranien) en dehors de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Depuis son élection, M. Sarkozy a, à de multiples reprises, jugé «inacceptable» la perspective d'un Iran doté de l'arme nucléaire.