Entre «révélations» quotidiennes de La Presse et protestations d'innocence, Silvio Berlusconi est empêtré dans l'affaire Noemi qui a occupé toute la semaine la scène politique italienne au risque de le déstabiliser.

Après de nouvelles dénégations jeudi du chef du gouvernement en plein Conseil des ministres sur ses prétendues relations avec Noemi, c'est la mère de la jeune fille qui a pris la parole vendredi dans La Stampa (libéral). «Je n'ai jamais été la maîtresse de Silvio Berlusconi, ma mère ne l'a jamais été non plus et encore moins ma fille», a déclaré Anna Palumbo.

L'une des hypothèses pour expliquer la nature des relations entre Noemi (18 ans) et celui qu'elle appelle «papounet» est qu'elle pourrait être sa fille.

Vendredi également, l'hebdomadaire de gauche L'Espresso a publié un grand article sur «le harem de Berlusconi» et les somptueuses fêtes organisées dans sa villa de Sardaigne, une enquête «dénuée de tout fondement», selon l'avocat du Cavaliere, Niccolo Ghedini, qui a agité la menace de poursuites judiciaires.

Mercredi, trois des enfants de Berlusconi étaient montés au créneau pour prendre la défense de leur père, affirmant qu'ils étaient «fiers» de lui.

Avant, le père de Noemi avait affirmé qu'elle était vierge; tandis son ex-petit ami avait donné une version de la rencontre entre Noemi et Berlusconi, contredisant totalement celle du chef du gouvernement qui affirme être ami depuis des années avec ses parents.

Depuis que l'épouse de Berlusconi a demandé le divorce en l'accusant de fréquenter des mineures il y a un mois, La Presse d'opposition mène campagne pour obliger le chef du gouvernement à s'expliquer.

Chaque jour, La Repubblica publie inlassablement la liste de dix questions auxquelles elle veut obtenir des réponses.

Parmi celles-ci: «Comment avez-vous connu Noemi Letizia», «Combien de fois l'avez-vous rencontrée et où ?».

La Presse anglo-saxonne a aussi pris le relais cette semaine pour attaquer le Cavaliere, une situation qui doit le rendre nerveux avant une rencontre à la mi-juin avec le président Barack Obama et à quelques semaines du G8 de juillet qu'il compte transformer en triomphe personnel.

 Mais si Silvio Berlusconi est incontestablement sur la défensive, les politologues restent très prudents sur la traduction électorale du «Noemigate».

«Berlusconi a un peu perdu le contrôle de la situation, on le voit dans ses réactions. Dans le pire des cas pourtant, ce n'est pas un crime, c'est un péché qu'il a commis. Ses ennuis judiciaires étaient bien plus graves mais cela pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase», estime l'éditorialiste du Corriere della Sera, Sergio Romano.

«Berlusconi est dans une situation personnelle difficile mais cela ne veut pas dire qu'il est affaibli électoralement. Les Italiens n'aiment pas beaucoup qu'on mélange vie privée et vie publique», nuance Marco Tarchi de la faculté de sciences politiques de Florence.

 Les sondages qui promettaient une large victoire aux européennes du parti de Silvio Berlusconi sont maintenant interdits de publication mais selon Nando Pagnoncelli de l'institut Ipsos, «l'électorat, y compris les catholiques pratiquants, est concentré sur des problèmes concrets: le chômage, la sécurité, les impôts...».

 «Le flétrissement de l'image de Berlusconi, la baisse de confiance personnelle ne se traduisent pas par une contraction notable du vote» en faveur du Parti du peuple de la Liberté (PDL), a-t-il confié vendredi à La Repubblica.