Le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est engagé samedi à sévir contre les ministres qui tricheraient sur leurs notes de frais, tentant ainsi de rétablir la confiance des Britanniques dans leurs hommes politique après plus d'une semaine de révélations désastreuses.

Dans un article pour le journal dominical News of the World, il a affirmé que ceux dont la culpabilité serait établie devraient abandonner leur portefeuille.

«Je veux assurer chaque citoyen de mon engagement à assainir complètement le système et lui faire savoir que si une décision disciplinaire immédiate est nécessaire, je la prendrai, quelles que soient les circonstances», écrit-il.

«Tout député qui sera pris à enfreindre les règles ne participera pas à mon gouvernement», a-t-il ajouté.

M. Brown s'est déclaré «consterné et furieux» par les révélations sur les abus de certains élus concernant leurs notes de frais.

«Consterné parce que les gens devraient attendre en toutes circonstances un comportement irréprochable de la part de ceux qui participent à la vie publique. Furieux parce que j'ai été élevé (...) dans la croyance que la confiance, l'intégrité et l'honnêteté sont les biens les plus précieux qui soient».

Selon le journal Daily Telegraph, des abus ont été commis en matière de notes de frais par des élus de tous bords, pour des dizaines de milliers de livres.

Samedi, le parti travailliste a annoncé avoir suspendu temporairement un nouveau député, dans l'attente des conclusions d'une enquête.

David Chaytor a été suspendu de la section du Labour au Parlement, après que le Daily Telegraph eut révélé qu'il avait perçu au titre des notes de frais 13.000 livres (14.500 euros) en remboursement d'intérêts d'un crédit immobilier déjà arrivé à échéance.

La même sanction avait été imposée jeudi à un autre député et ancien ministre travailliste Elliot Morley, qui avait reçu indûment, dans exactement les mêmes circonstances, plus de 16.000 livres (18.000 euros).

Comme M. Morley, M. Chaytor a plaidé une «erreur» comptable. «Il y a eu un erreur impardonnable dans mes procédures comptables, pour lesquelles je présente sans réserves mes excuses», a-t-il déclaré dans un communiqué, en s'engageant à rembourser la somme dans sa totalité.

Vendredi, le sous-secrétaire d'Etat à la Justice, Shalik Malik, avait été le Premier membre du gouvernement sanctionné. Il avait été suspendu de son poste, en l'attente d'une enquête, après avoir été pointé du doigt par le Daily Telegraph, qui depuis une semaine distille les révélations sur les défraiements légaux mais généreux des parlementaires.

M. Malik se serait fait rembourser 66.827 livres (75.000 euros) pour une résidence secondaire à Londres, alors qu'il ne paierait que 100 livres (112 euros) par semaine, un loyer inférieur au marché, pour sa résidence principale située en dehors de la capitale.

Ce scandale a aussi touché l'opposition. L'un des principaux conseillers du chef des Conservateurs David Cameron, Andrew MacKay, a démissionné de ses fonctions, pour avoir obtenu le remboursement d'une partie d'un prêt immobilier pour une résidence londonienne tandis que son épouse, également députée, se faisait indemniser pour leur deuxième maison en province.

La police britannique a annoncé vendredi soir qu'un panel d'officiers et d'avocats allaient examiner les allégations du Daily Telegraph pour déterminer si elles justifiaient l'ouverture d'une enquête criminelle.