L'opposition de droite espagnole présentera un recours devant le Tribunal constitutionnel contre la loi de libéralisation de l'avortement que le gouvernement socialiste a présentée jeudi, a annoncé vendredi le leader conservateur du Parti Populaire (PP), Mariano Rajoy.

«J'amènerai cette loi devant le Tribunal constitutionnel», a déclaré M. Rajoy lors d'un discours à Cordoue, en Andalousie (sud). Le gouvernement socialiste s'est engagé jeudi sur la voie d'une réforme de l'avortement, qui sera autorisé librement jusqu'à la 14e semaine de grossesse, s'alignant et allant même plus loin que les autres pays européens, qui l'admettent jusqu'à la 12e semaine.

Les milieux conservateurs et l'Eglise sont hostiles à cette réforme.

Le conseil des ministres a validé la première mouture du projet de loi qui doit maintenant être examiné par les hautes instances du pouvoir judiciaire avant de repasser par le conseil des ministres et d'entamer son parcours législatif.

«C'est une loi mauvaise sur le fond, la forme et la motivation», a déclaré M. Rajoy, affirmant notamment qu'elle «n'aidait pas les femmes».

Selon lui, le gouvernement socialiste l'a présentée par «pur opportunisme politique», afin de «détourner» l'attention des problèmes qui intéressent vraiment les Espagnols, à savoir la profonde crise économique que traverse le pays et l'envolée spectaculaire du chômage à un niveau record en Europe.

Actuellement, l'avortement est autorisé en Espagne en cas de viol dans un délai maximum de 12 semaines de grossesse, de malformations du foetus (22 semaines) ou de «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps).

L'écrasante majorité des avortements sont pratiqués pour «risque psychologique» pour la mère, ce qui peut paradoxalement donner lieu à des avortements très tardifs, à plus de six mois de grossesse.

Selon des chiffres publiés fin 2008, 112.138 avortements ont été pratiqués en 2007 en Espagne, en hausse de 10,4% par rapport à 2006, cette hausse justifiant une réforme de la loi en la matière, selon le gouvernement.