Le gouvernement espagnol présente jeudi en Conseil des ministres son projet de libéralisation de l'avortement, qui réformera l'actuelle législation datant de 1985, a-t-on appris auprès du ministère de l'Egalité.

Cette réforme, qui pourrait permettre la liberté d'avorter jusqu'à la 14e semaine de grossesse, est très critiquée par l'Eglise et les milieux conservateurs espagnols.  «La ministre de l'Egalité présente aujourd'hui (jeudi) en Conseil des ministres l'avant-projet de loi» qui modifiera l'avortement, a indiqué à l'AFP une porte-parole de ce ministère.

Dans la plupart des pays européens, les interventions volontaires de grossesse (IVG) sont déjà pleinement légales, avec un délai généralement admis de 12 semaines.

L'annonce de ce projet en début d'année avait suscité le vif rejet des milieux catholiques et anti-avortement espagnols. Des dizaines de milliers de personnes revendiquant le «droit à la vie» ont ainsi manifesté fin mars à Madrid contre ce projet.

L'avant-projet présenté jeudi doit ensuite être étudié par les hautes instances du pouvoir judiciaire, avant d'être approuvé formellement en Conseil des ministres puis renvoyé au Parlement.

Selon le quotidien El Pais de jeudi, la nouvelle loi permettra un avortement libre jusqu'à la 14e semaine de grossesse et sous conditions jusqu'à la 22e semaine (risques pour la santé de la mère, malformation du foetus).

Autre nouveauté, les femmes pourront également avorter si des anomalies sont détectées sur le foetus après la 22e semaine et révèlent une maladie extrêmement grave et incurable.

Actuellement, l'avortement n'est autorisé en Espagne qu'en cas de viol dans un délai maximum de 12 semaines de grossesse, de malformations du foetus (22 semaines) ou en cas de «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps).

L'écrasante majorité des avortements sont pratiqués pour «risque psychologique» pour la mère, ce qui peut paradoxalement donner lieu à des avortements très tardifs, à plus de six mois de grossesse.