Le scandale des notes de frais des députés britanniques a fait tomber deux premières têtes jeudi : Gordon Brown a suspendu du Labour un ancien ministre et un conseiller du chef de l'opposition a démissionné après de nouvelles révélations embarrassantes.

Le Daily Telegraph a continué pour le septième jour consécutif à distiller les détails des défraiements abusifs touchant les trois principaux partis, des frais d'entretien de piscine à la nourriture pour chien en passant par des sacs de fumier. Jeudi matin, c'est le député et ancien ministre de l'Agriculture  Elliot Morley qui s'est retrouvé dans le collimateur.

Selon le quotidien britannique, M. Morley a perçu indûment plus de 16.000 livres (18.000 euros) en remboursement d'intérêts d'un crédit immobilier sur sa résidence secondaire qui était arrivé à échéance en 2006, soit dix-huit mois plus tôt.

Le député de Scunthorpe, dans l'est de l'Angleterre, s'est excusé pour cette «erreur» comptable dont il «assume la complète responsabilité».

Gordon Brown, accusé la veille par le chef des Tories David Cameron de se contenter de demi-mesures, a annoncé en début d'après-midi que M. Morley était suspendu de la section du Labour au Parlement.

 «Chaque fois que les normes sont transgressées et que des erreurs sont commises, nous devons agir», a expliqué le Premier ministre, dans un discours à Ilkeston (centre de l'Angleterre) pour le lancement de la campagne de son parti en vue des élections européennes. «Dès qu'une sanction disciplinaire sera nécessaire, elle sera prise, et immédiatement».

Une association de défense des contribuables, la Taxpayers' alliance, entend même aller plus loin et a réclamé une enquête policière contre l'ex-ministre.

«L'information concernant Elliot Morley est la plus préoccupante et la plus écoeurante jusqu'à présent», a déclaré Matthew Elliott, directeur général de l'association. «Cela va au-delà d'un système défaillant et la police doit intervenir», a-t-il ajouté.

Quelques heures plus tôt, le conservateur David Cameron, que tous les sondages donnent comme le futur Premier ministre, avait de son côté annoncé avoir accepté la démission de son conseiller à la chambre des Communes, Andrew MacKay.

M. MacKay, marié à la député conservatrice Julie Kirkbride, a obtenu le remboursement d'une partie d'un prêt immobilier pour leur résidence londonienne jusqu'en avril 2008, pendant que sa femme se faisait indemniser pour leur deuxième maison en province. «Inacceptable», a tranché M. Cameron.

En début de semaine, l'omniprésent chef des tories avait déjà tapé du poing sur la table en sommant ses députés de rembourser les sommes indues, menaçant d'exclusion les réfractaires.

Le président du groupe parlementaire travailliste Tony Lloyd a adressé jeudi un courrier à ses ouailles les pressant de publier leurs notes de frais, sans attendre la publication officielle par les Communes prévue d'ici mi-juillet. La chambre basse du Parlement étudie la possibilité d'avancer cette date.

Plus d'une vingtaine de parlementaires ont annoncé jusqu'à présent avoir remboursé une partie des sommes allouées, ce qui représente un total cumulé de près de 130.000 livres.

A quelques semaines d'élections européennes et locales le 4 juin, un sondage Populus publié mardi par le Times a révélé que les deux principaux partis britanniques reculaient de quatre points dans les intentions de vote. Les conservateurs restaient toutefois largement en tête, avec 39% contre 26% au Labour.