L'ex-premier ministre kosovar et ancien commandant de la guérilla albanaise Agim Ceku, qui participait en Colombie à une conférence sur le désarmement, a été expulsé du pays mercredi, après que la Serbie l'eut placé sur la liste des personnes recherchées par Interpol.

Le Département administratif de sécurité colombien (DAS, services de renseignement), en charge des questions d'immigration, a annoncé jeudi matin dans un communiqué avoir procédé à l'expulsion de l'ancien chef de gouvernement (avril 2006-novembre 2007), sans préciser vers quel pays il était envoyé.

L'intéressé, joint par téléphone depuis Pristina, a déclaré à l'AFP se trouver en Europe, sans pour autant confirmer être à Paris, comme l'ont affirmé des médias kosovars. «Je peux seulement dire que je suis en Europe», a indiqué M. Ceku.

Le DAS a annoncé avoir procédé à l'expulsion de l'ex-premier ministre parce qu'il avait été placé, à la demande de la Serbie, sur la liste des personnes recherchées par Interpol.

Selon le DAS, Agim Ceku figurait initialement sur une liste de personnes dont la présence devait simplement être signalée à Interpol.

Après son arrivée en Colombie le 3 mai, les autorités colombiennes ont donc fait savoir à cet organisme où il se trouvait et c'est après réception de cette notification, mercredi, qu'Interpol a émis une «notice rouge» le visant.

La «notice rouge» est un avis international de recherche utilisé pour demander l'arrestation en vue de l'extradition de personnes recherchées. La publication d'une «notice rouge» peut être demandée par tout pays membre d'Interpol.

L'ex-premier ministre n'a toutefois pas été appréhendé, car les faits sur lesquels est fondée la notice «sont antérieurs au 1er janvier 2005», date de l'entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale colombien, qui permet d'interpeller des personnes ainsi recherchées, a expliqué le DAS.

Agim Ceku, âgé de 48 ans, avait été appelé en avril 2006 à succéder à Bajram Kosumi à la tête du gouvernement du Kosovo, à l'époque une province serbe sous administration des Nations unies.

Le 17 février 2008, quelques mois à peine après qu'il eut quitté le pouvoir en novembre 2007, le Kosovo a proclamé son indépendance, actuellement reconnue par 57 des 192 États membres de l'ONU.

Agim Ceku, militaire de carrière, a participé aux combats de la Croatie pour son indépendance (1991-1995), avant de revenir en 1999 au Kosovo, où il a réorganisé la guérilla albanaise de l'UCK (Armée de libération du Kosovo) en une structure militaire ordonnée.

Après la fin des frappes aériennes de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie (RFY), destinées à contraindre Belgrade à retirer ses forces de la province, le Kosovo a été placé sous administration de l'ONU et le général Ceku a supervisé la démilitarisation de l'UCK.

Depuis le début des années 2000, il est accusé par la Serbie de crimes de guerre commis en Croatie et en Serbie. En 2004 déjà, avant qu'il devienne premier ministre, il avait été brièvement interpellé en Hongrie sur la base d'un mandat d'arrêt d'Interpol délivré à la demande de Belgrade.

Jeudi, le haut commissaire du gouvernement colombien pour la Paix, Frank Pearl, a admis qu'il avait été invité à participer à une conférence internationale sur le désarmement à Carthagène (1100 km au nord de Bogota).

«Son apport à la conférence a été très important», a déclaré M. Pearl à la radio colombienne W, en soulignant que lorsqu'il a été invité il n'était visé par aucune «notice rouge».

Une fois cette «notice rouge» émise, «il a été expulsé pour faciliter la prise de mesures par les autorités compétentes à l'étranger», a-t-il ajouté, en annonçant aussi que Bogota avait reçu «un message de remerciements du gouvernement de Serbie pour les informations transmises».