Le président tchétchène Ramzan Kadyrov nie toute implication dans l'assassinat d'un de ses opposants, Oumar Israïlov, à la mi-janvier à Vienne, dans une interview à paraître dans l'édition dominicale du journal die Presse.

«Je ne l'ai pas tué», déclare le dirigeant pro-russe dans die Presse, assurant qu'il avait amnistié son ancien garde du corps et lui avait fait construire une maison en Tchétchénie pour qu'il rentre de son exil. Il précise avoir été en contact avec l'homme de 27 ans et que M. Israïlov devait rencontrer un de ses émissaires mais que son assassinat le 13 janvier en pleine rue avait eu lieu auparavant.

Réfugié en Autriche depuis 2006, Oumar Israïlov, d'abord membre de la guérilla anti-russe, puis intégré de force dans les milices de Kadyrov, avait affirmé au New York Times avoir été témoin d'exactions contre des opposants de l'actuel président pro-russe entre 2003 et 2005 et avoir été lui-même torturé.

Pour Ramzan Kadyrov, M. Israïlov aurait proféré ces accusations simplement pour obtenir l'asile politique. Le jeune opposant était néanmoins le témoin clé d'une procédure pour tortures lancée en Autriche contre M. Kadyrov par l'ONG Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR).

Malgré les assassinats de trois de ses opposants à Moscou, Vienne et Dubaï ces derniers mois, l'homme fort de Grozny qualifie d'«idiotie» l'existence d'une liste de dissidents à abattre, comme l'a affirmé Rouslan Khalidov, qui se présente comme un tueur repenti, dans une vidéo sur le site Internet rebelle kavkazcenter.com.

Dans l'enquête sur la mort d'Oumar Israïlov, un des principaux suspects a été extradé de Pologne vers l'Autriche fin mars, tandis qu'un autre est toujours en fuite. Trois autres personnes sont en détention provisoire.

La famille de M. Israïlov a par ailleurs porté plainte contre la République autrichienne devant la justice administrative autrichienne. Malgré plusieurs demandes insistantes, les autorités autrichiennes avaient refusé d'accorder une protection policière à M. Israïlov, qui a laissé derrière lui une femme enceinte et trois enfants.