Imaginez Michèle Dionne ou Laura Harper monter au créneau et dénoncer très publiquement leurs maris qui s'apprêteraient à nommer aux postes les plus prestigieux des candidates plus réputées pour leurs formes pulpeuses que pour leurs états de service.

C'est ce qui arrive - encore - au président Silvio Berlusconi dont la rumeur voulait qu'il voyait - encore - de «drôles de dames» (dixit Libération) dans sa soupe, cette fois à titre de candidates aux élections européennes.

 

C'en a été trop pour la première dame d'Italie, Veronica Lario, elle-même une ex-actrice, de 20 ans la cadette de Silvio Berlusconi.

Mardi, elle a envoyé un courriel à l'agence de presse nationale dans lequel elle écrivait: «La présence de belles femmes en politique n'est ni un défaut ni une qualité. Mais ce qui ressort aujourd'hui, c'est l'impudence et le manque de retenue du pouvoir qui porte atteinte à la crédibilité de toutes les femmes et plus particulièrement de celles qui ont toujours été en première ligne pour défendre leurs droits.»

La veille, la politologue Sofia Ventura dénonçait dans un journal italien la «politique de visages, de jolis corps et de C.V. vides» préconisée par M. Berlusconi.

Le président a répliqué, disant que «Madame avait été victime des ragots de la presse de gauche» et que sur le fond, il serait «absurde» d'écarter de la politique des femmes parlant plusieurs langues et ayant plusieurs diplômes simplement parce qu'elles ont fait de la télévision ou ont été dans le showbiz.

Finalement, alors que la presse italienne avait prédit que quatre candidates issues du monde du spectacle seraient de la liste pour les européennes, une seule d'entre elles y figure: Barbara Matera, âgée de 27 ans, ex-finaliste au concours de Miss Italie, ex-présentatrice de télévision et diplômée en sciences de la formation.

Ce n'est pas la première fois que M. Berlusconi recrute du côté des candidates au concours Miss Italie et que cela le met dans l'embarras. En janvier 2007, cette fois aussi par l'entremise de la presse, sa femme avait exigé des excuses publiques de son mari après qu'il eut déclaré à propos de Mara Carfagna, arrivée sixième au concours Miss Italie 1997 et aujourd'hui ministre de l'Égalité des chances: «Si je n'étais pas déjà marié, je vous épouserais tout de suite, avait-il alors lancé. Avec vous, j'irais n'importe où.»

L'actuelle secrétaire d'État au tourisme, Michela Vittoria Brambilla, est elle aussi une ancienne participante au concours de Miss Italie.

M. Berlusconi, qui aime à se décrire comme un chaud lapin, pourra toujours trouver consolation en comparant sa situation à celle du premier ministre du Kenya. Sa femme a annoncé publiquement qu'elle allait participer au mouvement d'abstinence sexuelle d'une semaine pour protester contre les querelles incessantes et jugées futiles entre le premier ministre kényan et le président kényan.

Avec l'AFP